[Pro] 28.Mathieu Valbuena

L’impact Valbuena

Son contrat avec l’OM va être revalorisé. En six mois, le « petit » est devenu un joueur qu’on s’arrache.

Sa dernière défaite (à Moscou contre le Spartak, 0-2, déjà en Coupe de l’UEFA) doit rendre Marseille méfiant. C’est le seul motif d’inquiétude ce soir pour l’OM, vainqueur de neuf de ses douze dernières rencontres, dont le match aller (3-1). Un OM qui comptera une fois de plus sur Mathieu Valbuena, en passe de changer de statut à force de répéter les bonnes performances.

C’était un autre temps, presque un autre monde. Mathieu Valbuena est arrivé à Marseille en 2006, acheté pour une poignée d’euros (80 000) à Libourne-Saint- Seurin. Sur son CV apparaissait un ersatz de reconnaissance professionnelle : un titre officieux de meilleur joueur de National. On était loin de l’élite, loin d’un Nasri ou d’un Benzema, mais déjà dans les pas d’un rib€ry, talent tardif déniché à ce niveau de compétition.
En six mois, Valbuena a dépassé la fonction de joker de luxe que lui réservait Albert Émon, conscient de son talent de dribbleur élastique, pas certain toutefois de sa capacité à tenir un match dans son intégralité. L’arrivée d’Éric Gerets, bluffé dès ses premiers entraînements, a changé son destin et le « petit », comme l’appelle affectueusement l’entraîneur en raison de sa taille (1,63 m), est devenu en un temps réduit le symbole de cet OM qui (re)gagne. Son but de malin contre Saint-Étienne (2-0), dimanche, a confirmé son rôle d’impact player et le Belge n’en finit plus de l’encenser en interne.
L’OM ne veut pas se laisser surprendre par cette explosion soudaine et vient de lui proposer une revalorisation de salaire. Pour la deuxième fois cette saison !
Payé 18 000 euros brut par mois à ses débuts, il avait déjà connu une nette augmentation (50 000 euros) dans la foulée de son match mémorable à Liverpool (1-0) en se liant au club jusqu’en 2011 : ce bond le plaçait toutefois très au-dessous des standards olympiens.
L’OM, pressé de lui prouver son attachement, va donc multiplier par plus de deux (et près de trois) ses émoluments. Valbuena possédera un statut conforme aux rémunérations locales même s’il restera éloigné de Cissé, Nasri ou Zenden. Ce n’est qu’une première étape.
Valbuena défriche des terres inconnues. Sa valeur ne cesse de grimper, les émissaires de clubs huppés de se presser et Marseille veut s’inscrire dans la durée avec son phénomène. Valbuena n’a pas l’intention de quitter ce cocon, ce que confirme Christophe Hutteau, son agent. « À partir du moment où il se sent bien à Marseille, avoue-t-il, il se considère redevable à l’OM. Comme les dirigeants ont toujours mis en accord leurs discours et leurs actes, il n’y a pas de raison qu’il ne prolonge pas. Tout est même réuni pour que ça aille très vite, dans les jours à venir. Mathieu incarne les valeurs de l’OM, la combativité, le spectacle et la hargne. Il incarne presque sa devise : “Droit au but”. »
L’aspect financier, même s’il est primordial, n’est pas la seule mutation qui accompagne cette ascension. Son exposition médiatique attire les douces caresses des sponsors.

Un produit à la mode

Son association avec Nike expire en juin et la marque lui a proposé un contrat sans commune mesure avec le précédent, qui portait, il est vrai, surtout sur des équipements gratuits. Mais Adidas, qui vient de perdre les Bleus, a décidé de se rabattre sur des personnalités dans le vent et Valbuena est devenu une cible majeure. La marque aux trois bandes s’est positionnée sur des bases encore plus élevées que son concurrent. Valbuena, vingt-trois ans, symbolise pour elle l’émergence d’un talent à part dans un club à part. La bataille s’annonce serrée et le pouvoir d’attraction du meneur grandissant.
Valbuena est happé par cette popularité : à la sortie de la Commanderie, il est l’un des plus demandés par les supporters. Son côté naturel, sa manière de ne jamais refuser un autographe lui confèrent une réelle cote d’amour. Les publicitaires peuvent surfer sur cette notoriété naissante. Très bientôt, il apparaîtra ainsi dans toutes les grandes surfaces sur la jaquette d’un DVD dédié au freestyle, sorte de foot de rue. Les décideurs l’ont choisi comme parrain de cette opération. Bientôt, un site Internet lui sera consacré. Le produit Valbuena devient à la mode. Une marque de parfum a même contacté son agent, mais ce dernier a refusé, pour l’instant, cette proposition.
Valbuena a, en tout cas, décidé de se lancer dans une oeuvre caritative d’aide aux enfants malades dans les hôpitaux phocéens. Il apprend la vie de héros marseillais. À une vitesse supersonique.

Quels sont les meilleurs souvenirs au cours de ton parcours ?
Il y a eu des émotions différentes. Liverpool était une de mes premières titularisations avec un nouveau coach et dans le contexte d’Anfield, ça reste gravé dans ma mémoire. Il y a eu aussi le but contre Caen, plus beau encore qu’à Liverpool. Il y a eu également mon but à Saint-Etienne qui était mon premier en L1 et qui permettait au club d’aller en Champions League. Ces joies étaient très différentes mais très intenses.

Chez les Bleus, tu vas retrouver quatre coéquipiers, c’est un plaisir supplémentaire…
Je suis content qu’il y ait tout ce monde en bleu. Il y a cinq marseillais, ce qui montre la qualité de l’OM. On se retrouvera là-bas de même que mon ami Rio (Mavuba, qu’il a connu au centre de formation de Bordeaux). On n’a plus eu l’occasion de jouer ensemble depuis des années et on en rêvait. Ca peut être possible en équipe de France. Je l’ai eu au téléphone et ça nous a beaucoup touché. Les Marseillais vont me conseiller et me parler car ils ont plus l’habitude. Je pense m’adapter car on évolue avec de très bon joueurs, j’espère que mayonnaise prendra.

Tu étais blessé ces derniers jours, rassures-nous, ça va mieux ?
Je touche du bois. Ca va mieux. Je vais reprendre l’entraînement collectif avec tout le monde. J’espère que ça ira.