PSG-OM : Alaixys Romao, "Ce match, je rêvais de le jouer"Arrivé à la fin du mercato, le milieu de terrain olympien s'apprête à disputer son premier PSG-OM.
Tout est allé très vite pour
Alaixys Romao. Presque autant que le flot de ses paroles, qui fusent à vitesse grand V. Éliminé de la CAN le 3 février avec le Togo face au Burkina Faso (1-0 a.p.), l'ancien Lorientais a immédiatement plongé dans l'univers olympien avec un choc thermique et une rencontre terminée à 9 contre Évian.
Après le succès arraché face à Valenciennes, le voilà qui se prépare déjà à vivre son premier PSG-OM. Il pourra ensuite s'installer dans l'appartement qu'il vient de trouver et quitter l'hôtel, avec la joyeuse perspective de retrouver ses enfants, en vacances dès la semaine prochaine. Mais avant ces bons moments, place aux deux Clasicos...
Dimanche, ce sera votre premier PSG-OM, mais pas la première fois de la saison que vous défiez le PSG...Alaixys Romao : En effet ! Avec Lorient, on avait disputé la 1re journée là-bas. On parlait beaucoup de ce match avec l'arrivée d'Ibrahimovic. On y était allé sans pression, avec un bon plan de jeu, et on menait 2-0 à la pause ! La blessure d'Écuelé-Manga nous avait fait mal et Paris était revenu. C'était leur premier match, avec beaucoup d'arrivées, ça manquait de liant. Mais on sentait qu'il y avait du potentiel...
Vous aviez joué la 2e période en défense centrale. Comment aviez-vous trouvé Ibrahimovic ?
A.R. : Il ne devait être qu'à 50 % de son potentiel, il venait à peine d'arriver, mais techniquement et par sa simple présence, on sent que c'est un grand joueur.
Vous aviez suivi la rencontre OM-PSG (2-2) ?A.R. : Oh oui ! Tout le monde pensait que Paris allait faire exploser l'OM et, finalement, les Marseillais avaient répondu présents. C'est comme ça qu'il faut aborder le match, dimanche. Ils sont comme nous, ce sont des êtres humains. Le PSG a déjà perdu des matches, il en perdra encore. On ne doit surtout pas les craindre ni les surestimés. Il faut qu'on joue notre jeu. Et vraiment ne rien lâcher.
Vous avez déjà évoqué ce match avec vos coéquipiers ?A.R. : Moi, non, mais j'en entends certains qui commencent à en parler un peu. Pour le moment, on prépare le match tranquillement, la pression montera en fin de semaine. Il ne faut pas faire le match avant, même quand il s'agit d'un Clasico.
C'est différent d'aller au Parc en étant Marseillais plutôt que Lorientais ?A.R. : Forcément. Ce sont des matches attendus, des belles affiches pour les supporters. Et quand je voyais ces matches à la télé, j'étais comme chaque joueur : je rêvais de les jouer...
Quel est votre souvenir le plus marquant d'un PSG-OM ?A.R. : (La réponse fuse) C'est le but de Zenden (le 15 mars 2009, victoire de l'OM 3-1 au Parc, ndlr), quand, après il saute sur la publicité et qu'il passe à travers ! Mais j'étais surtout un téléspectateur intéressé et neutre.
À ce moment-là, vous pensiez un jour pouvoir prendre part à ces matches ?A.R. : Je l'espérais, surtout (rires). C'est une référence dans le championnat français, c'est ce match qui permet de vivre les émotions les plus fortes.
C'est particulier aussi pour vous, qui êtes né en région parisienne (L'Hay-les-Roses, dans le Val-de-Marne) ?A.R. : C'est vrai, mais je n'y ai aucun souvenir. J'en suis parti quand j'avais six ans pour aller en Haute-Garonne. Mais j'étais déjà allé au Parc des Princes ; mon père avait eu des places pour assister au tournoi Opel Masters, en 1999, où le PSG jouait notamment contre le Bayern Munich (et le Milan AC, ndlr). Mais je n'étais pas plus que ça supporter du PSG.
Votre parcours a été tortueux...A.R. : Le plus dur, c'est quand je n'ai pas été gardé par Toulouse à la fin du centre de formation. J'avais 19-20 ans, c'était difficile mais mon ambition était restée intacte : être pro et jouer en Ligue 1. Quand tu as cette motivation dans ta tête, tu t'accroches et tu te donnes les moyens, même si tu dois prendre des chemins de traverse.
Je croyais en moi, j'avais le soutien de mes proches et de ma femme, que j'ai connu très jeune. Alors oui, il y a eu des moments de doute, mais c'est le destin. Et j'ai réussi à atteindre les objectifs que je m'étais fixés quand j'étais jeune...
Vous étiez aussi devenu international en évoluant en National avec Louhans-Cuiseaux ?A.R. : Je suis Togolais du côté de mon père et j'avais découvert le pays petit. Quand on est monté en National avec Louhans-Cuiseaux, j'avais 21 ans et je me suis dit qu'il y avait peut-être la possibilité de jouer en sélection. C'était l'occasion de se frotter au niveau international et de progresser. On a contacté l'entraîneur, qui m'a vu lors d'un match amical contre le Maroc à Rouen en août 2005.
Et vous avez disputé la coupe du monde, en 2006, en Allemagne !A.R. : Ce ne fut que du bonheur ! Chaque instant était du plaisir, j'ai profité au maximum en voulant montrer sur le terrain ce que je valais. C'était une superbe vitrine. Le seul regret, c'est de ne pas avoir pu jouer le 3e match contre la France (il était suspendu, ndlr).
Avec la sélection, vous aviez aussi connu le pire, avec le mitraillage du bus à Cabinda (le 8 janvier 2010) ?A.R. : C'est une douleur qui reste en toi à vie. Quand tu vis des choses comme ça, c'est très traumatisant. On se pose des questions, surtout par rapport à sa famille. On se dit que ce n'est que du foot, alors pourquoi risquer sa vie ? Heureusement, nous étions restés longtemps entre nous, presque deux semaines.
Ça nous a fait du bien, on a pu parler. Ça nous a permis d'évacuer ce traumatisme avant de revenir en France. Mais j'avais quand même décidé de mettre la sélection de côté. J'avais besoin de couper, c'était important de prendre du recul. Un an après, j'ai rappelé le sélectionneur pour lui dire qu'il pouvait à nouveau compter sur moi.
Vous y pensez toujours ?A.R. : Oui, mais j'essaie de mettre ça de côté, dans un petit coin de ma tête. C'est le destin. On ne peut pas revenir en arrière, alors il faut vivre avec cette expérience.
Enfant, vous aviez une idole, un modèle ?A.R. : Mon joueur préféré, c'était Abedi Pelé ! C'était le numéro 10 de l'OM à l'époque de la Ligue des champions. Un grand joueur !
André et Jordan sont au courant ?
A.R. : Ça fait bizarre de jouer avec eux, mais je ne leur en ai pas parlé. Ils ne savent pas que j'admirais leur père ! Ça serait fort si j'avais un jour l'occasion de le rencontrer.
Vous pourrez déjà croiser David Beckham dimanche. Ça représente quoi pour vous ?A.R. : Si j'avais joué contre lui il y a 10 ans, ça aurait été différent. Mais là, il est en fin de parcours...
Ce match sera déterminant ?A.R. : Trois points pourraient nous permettre de revenir au contact. Mais ça reste surtout important car, derrière, ça revient fort. On doit s'accrocher et si on parvient à se qualifier en Ligue des champions, ça serait le top ! On pourrait alors se frotter aux meilleures équipes, comme l'OM l'avait fait en quart de finale face au Bayern Munich...