Heinze : «Samedi devra être une fête»Devant une salle de presse comble et dans un français parfait, Gaby Heinze est revenu sur sa première saison à l'OM, réussie avec brio et ponctuée par un doublé.
Gaby, tu as une image de taulier au sein du groupe, est-ce que tu confirmes ? Non. C’est un groupe. Il y a peut-être des joueurs qui ont plus de responsabilités vis-à-vis du groupe mais tout le monde est important. Ce n’est pas un ou deux joueurs, il faut dire bravo à tout un groupe pour cette saison où on a tout donné durant toute l’année. Et la récompense, c’est le titre. Personnellement, j’ai toujours cherché à défendre le vestiaire. Je suis peut-être "à l’ancienne" mais ce qu’il se passe dans le vestiaire reste dans le vestiaire. Et il y a eu un très bon groupe, très pro avec une très bonne ambiance.
Est-ce que vous avez prévu des surprises pour le match de samedi ? Il faut respecter le foot. Mais on va arriver sans pression car nous n’avons plus rien à jouer. Pour nous, pour les supporters et pour tout le monde, ce doit être une fête. Toutefois, c’est un match de foot et on ne va pas donner les trois points. Et pour les supporters, la victoire, c’est le titre ! On restera quand même concentré et on fera ce que dit l’entraîneur. Comme d’habitude.
Quel a été ton plus beau et ton plus mauvais moment à l’OM cette saison ? Le plus beau restera le match du titre contre Rennes. Il y a eu tellement de choses qui me sont passées dans la tête et ça s’est vu je crois. Je l’ai montré et on m’a vu comme je ne l’avais jamais été cette saison. Je suis un peu sérieux d’habitude et là, j’ai explosé.
Le moment le plus difficile fut certainement le 23 décembre contre Auxerre
(défaite 0-2 au Vélodrome). On a été beaucoup critiqué mais ça m’a finalement fait du bien. C’est dans ces moments qu’un groupe montre qu’il est fort. Nous sommes partis en vacances dans cette ambiance triste mais ça m’a donné beaucoup d’envie. Je me suis dit :
«Personne n’y croit, moi j’y crois». Et le travail a payé.
Est-ce que tu vas continuer l’aventure avec l’OM ?Nous n’en avons pas encore parlé et l’entraîneur décidera. Mais je suis tranquille, j’ai un an de contrat. Et partout où je suis passé, je n’ai jamais posé de problèmes. On discute… tranquille.
Il y a cinq ans, est-ce que tu aurais imaginé que tu serais champion avec l’OM ? Impossible. Je n’aurais jamais pu l’imaginer. Tout le monde sait l’histoire que j’ai eu avec le club rival et tout ce que j’y ai vécu. Mais j’aime jouer au foot, et beaucoup plus que vous pouvez l’imaginer. A Marseille, l’entraîneur a voulu que je vienne et m’a donné sa confiance alors que j’étais un joueur de 31 ans et que pas mal de gens se posaient des questions. Le terrain a joué pour moi, j’ai tout donné avec mes copains et on a réussi à gagner le titre. C’est formidable !
OM.netGaby ! «Il casse les couilles, Gaby...» Auteur de quatre buts en Ligue 1 pour sa première saison avec l'OM,
Gabriel Heinze (photos
Presse-Sports) est resté muet presque toute l'année. Mais l'Argentin, sélectionné pour la Coupe du monde, a pris la parole ce jeudi dans un entretien accordé à
L'Equipe. Et forcément, d'entrée, ça parle du titre.
«Un joueur m'a demandé sur la pelouse: "Gaby, tu es trop content. C'est différent de ce que tu as gagné avant ?" Je lui ai répondu: "Oui, et je ne sais pas pourquoi." Peut-être est-ce dû aux dix-huit ans sans titre de champion de France de l'OM». Le défenseur ne sait pas très bien ce qui l'a poussé dans l'euphorie, mais il se rappelle très bien du déclic.
«Ce 23 décembre (...) on est partis en vacances sur des insultes. Ça m'a beaucoup marqué, ça m'a demandé plus d'efforts. J'ai eu mal ce soir-là. Alors quand j'ai vu ce stade en feu contre Rennes...»«J'ai tellement donné pour le PSG...»De Paris à Marseille, il n'y a qu'un pas. Et pourtant.
«Si on me l'avait dit à une époque, j'aurais répondu que c'était impossible.» Heinze a hésité avant de venir dans le club phocéen.
«Ça n'a pas été facile de dire oui car je passais de l'autre côté, chez le grand rival... Mais Marseille me proposait un projet qui me plaisait». Et concernant le PSG-OM (0-3) du 28 février dernier au Parc des Princes, l'Argentin ne pensait vraiment pas être si mal accueilli.
«J'ai tellement donné pour le PSG... Ça m'a touché, c'est ma pire journée de footballeur. Heureusement, quand je suis allé vers l'hôtel, un petit jeune m'a interpellé: "Gaby, tu vas toujours rester dans mon coeur, même si tu es parti." Ça m'a fait du bien.»«Ici, il n'y a pas de mauvais mecs»Les premiers mois passés à l'OM n'ont pas été de tout repos, mais Heinze se félicite de son rôle qu'il a joué au sein de sa nouvelle équipe.
«Je pouvais amener de l'expérience, comme Lucho, Cheyrou, Diawara, Niang, Morientes... Comment ? J'arrive une heure avant, je montre qu'il faut faire des soins. Il n'y a pas d'autres manières pour réussir». Un tempérament de battant et de professionnel qui aurait pu en agacer plus d'un.
«(Rires) C'est sûr que des copains pensent: "Il casse les couilles, Gaby, mais il est trop gentil quand même..." Ici, il n'y a pas de mauvais mecs, c'est un vrai bon groupe. Et des gars de vingt-trois ans peuvent me dire: "Gaby, tu te trompes..." Je l'accepte.»«Le maillot argentin (...) mon pays, mon sang, ma vie...»Concernant le futur, Heinze rêverait d'un triplé en Coupe du monde avec l'Argentine.
«Si ça m'arrive, je pense dire merci au football et arrêter. C'est le rêve de ma vie. Le maillot argentin est l'unique maillot qui m'a fait pleurer. Je lui donne tout. C'est mon pays, mon sang, ma vie...» Mais il reconnaît être très triste pour Lucho Gonzalez qui ne participera pas à l'aventure en Afrique du sud.
«Je connais aussi le rapport de Lucho à ce maillot... Il a vécu des moments durs cette année. Après Rennes, je l'ai embrassé et je lui ai soufflé: "Tu vois, tu as fait fermer la bouche à tout le monde. Tu es un grand monsieur, un grand joueur !" Je n'ai jamais douté.» Quant à Didier Deschamps, «il a la qualité pour aller très loin. Il commence une histoire avec Marseille et j'espère qu'il va la poursuivre. Moi, il me reste un an et je suis tranquille.»FFJ'le kiff !