«Domenech ne doit pas partir »
FRANCK rib€ry raconte sa douloureuse nuit bâloise et s’exprime en faveur du maintien du sélectionneur des Bleus.La dernière image que l’on a de
Franck rib€ry est celle d’un joueur que l’on évacue sur une civière, grimaçant, la tête dans ses mains. Ses premières paroles, depuis sa grave blessure à une cheville lors de France-Italie (0-2), ont été pour raconter ses souffrances physiques et morales et dire qu’il souhaite le maintien de
Raymond Domenech à la tête des Bleus. Nous avons joint hier soir
rib€ry à Boulogne-sur-Mer, où il se remet en famille.
« QUEL SOUVENIR gardez-vous du moment où vous vous êtes blessé ?– Je me souviens que j’étais vraiment bien. Je me sentais plein de jus comme depuis le début de la compétition. Dans l’action, je fais l’effort pour revenir. Je me retrouve en duel épaule contre épaule avec Zambrotta. Là, je perds mes appuis sous son poids et je sens que ma jambe se coince entre les siennes.
– Avez-vous eu immédiatement le sentiment que c’était sérieux ?– Oui, tout de suite. J’ai d’abord ressenti une vive douleur au genou gauche. Je sais maintenant que c’est parce que la tête du péroné a légèrement tourné. Ensuite, très vite, au bout de dix secondes peut-être, j’ai eu très mal à la cheville.
– À quoi avez-vous pensé ? – J’ai compris dans l’instant que le match et l’Euro étaient finis pour moi. Je n’ai pas songé à mon avenir, seulement au fait que ça s’arrêtait là, comme ça.
– Avez-vous craint que ce soit encore plus grave ?– Oui, j’ai eu très peur.
– Que s’est-il passé ensuite ? – J’ai été emmené en ambulance vers l’hôpital de Bâle, où j’ai passé des radios et un scanner.
– Vous étiez au courant de ce qui se passait sur le terrain pendant ce temps ?– Ma femme était avec moi et se tenait au courant par téléphone. Avec le résultat, cela a été encore plus difficile à vivre.
– Ensuite, ça va très vite…– Le lendemain, j’ai rejoint la délégation allemande, qui était au vert à Bâle également, puisqu’elle jouait le jeudi contre le Portugal (3-2). Il se trouve que le médecin de la sélection est aussi celui du Bayern, ça tombait bien. Le club a été une fois de plus parfait à mon égard. Les dirigeants ont affrété un avion spécial pour me rapatrier à Munich, où j’ai été opéré dès le lendemain.
« J’ai déjà la Coupe du monde 2010 en tête »
– Et où en êtes-vous désormais ? – Là, je me repose en famille à Boulogne-sur-Mer. Je partirai en vacances plus tard, mais je ne sais pas où. J’ai subi un arrachement des ligaments de la cheville qui a nécessité la pose de deux vis. Je vais rester plâtré jusqu’au genou pendant quatre semaines. J’espère reprendre la compétition en septembre.
– Souffrez-vous ?– Oui, j’ai encore mal, je suis un traitement contre la douleur.
– Que retenez-vous de cet Euro qui s’est si mal terminé pour vous ?– Je crois qu’il faut très vite tourner la page, oublier et passer à la suite. C’est la meilleure des choses à faire.
– On a dit beaucoup de choses sur l’ambiance à l’intérieur des Bleus. Comment l’avez-vous perçue ?– C’était différent de la Coupe du monde 2006 mais, franchement, je n’ai pas envie de parler de ça. Je n’ai pas assez la pêche pour revenir là dessus.
– Mais y a-t-il eu des problèmes entre les anciens et les jeunes ? – Il y a eu les choses normales quand un groupe vit ensemble aussi longtemps, mais je n’ai pas ressenti de gros problèmes.
– Désormais, c’est l’avenir de Raymond Domenech qui est en train de se jouer. Avez-vous une position sur le sujet ?– Je peux dire que, personnellement, je n’ai jamais eu de soucis avec le coach. Pour moi, Domenech ne doit pas partir, il faut qu’il continue le travail avec ce groupe. S’il y a eu des erreurs, il n’était quand même pas tout seul. Franchement, j’aimerais qu’il reste.
– Comment voyez-vous l’avenir des Bleus ?– L’équipe de France peut faire de grandes choses dans les années qui viennent. Il y a une nouvelle génération qui arrive, avec beaucoup de qualités. Personnellement, j’ai déjà la Coupe du monde 2010 en tête.
– Vous continuez à suivre l’Euro ? – Bien sûr, à la télé. Je vois mes copains du Bayern continuer la compétition et j’assiste à de gros matches, comme Russie - Pays-Bas (3-1 après prolongation).
– Un favori ? – L’Allemagne. »
______________________________L'Equipe Papier