OM-Lorient : Mandanda sur le trône de BarthezLe capitaine olympien égale le nombre de matches disputés pour l'OM par le champion du monde 98.
228 matches sous les couleurs de l'OM. Un cap anecdotique, certes. Mais un chiffre qui parle tout seul et agit comme un révélateur sur le poids d'un sportif de haut niveau dans un club professionnel. Qui plus est à Marseille. Dans son écrin (toujours en travaux) du Vélodrome et devant son virage Nord fétiche, ce soir - sauf gastro-entérite de dernière minute -,
Steve Mandanda égalera, à 26 ans, le nombre de rencontres disputées par l'icône
Fabien Barthez, qui a dû s'y reprendre à deux fois pour atteindre ce total.
C'est un drôle de parallèle avec le champion du monde 98 qui profita, en son temps, d'une blessure de
Pascal Olmeta pour être propulsé en numéro un, quand l'ancien Havrais bénéficia du forfait longue durée de
Cédric Carrasso pour s'imposer. Exit donc son pote
Mamadou Niang, bloqué à 227 parties dans la hiérarchie de la maison olympienne, toutes compétitions confondues. Le capitaine olympien, coopté par le vestiaire marseillais la saison dernière, reste pourtant encore très loin des 327 capes de l'illustre
Jean-Paul Escale dans les années soixante. Peu importe. Comme un symbole, c'est face au FC Lorient, ce club contre lequel il a réalisé SON arrêt, le 30 mars 2008 (1-2), qu'"Il Fenomeno" va franchir ce palier pour le partager brièvement avec le "Divin chauve". Car le compteur va continuer à tourner, dès mardi à Nancy...
Ce soir, vous égalerez Fabien Barthez au nombre des matches joués avec l'OM. Quelles sont vos impressions ?Steve Mandanda : En principe, je ne prête pas attention aux chiffres. C'est anecdotique, mais cela me fait forcément plaisir. Ça fait cinq saisons que je suis ici et que j'enchaîne les matches. On connaît le contexte, on sait que ce n'est pas facile. Je suis content de pouvoir jouer autant de rencontres sous les couleurs de l'OM !
Que représente Barthez à vos yeux ?S.M. : C'est le plus grand gardien français. Il est énormément respecté pour ce qu'il a fait sur le terrain et ce qu'il a gagné, avec l'OM et d'autres clubs, mais aussi et surtout en équipe de France. Il a été une référence pour moi. Avec Bernard Lama et d'autres, Barthez a marqué sa génération. J'ai forcément regardé, analysé et pioché dans ce qui fait la force des grands gardiens.
Dans quels domaines vous a-t-il marqué ?S.M. : Il a eu un temps d'avance sur le poste de gardien. Il jouait très haut, anticipait toutes les actions et les coupait en sortant de ses 16 mètres. Il participait beaucoup avec son superbe jeu au pied, possédait une belle relance à la main et une vision subtile sur le jeu en lui-même. Il était complet, renvoyait l'image du gardien de but moderne. Même en dépit de sa petite taille, il allait très souvent dans les airs ! C'est l'un des premiers à avoir autant participé au jeu.
C'est un trait que l'on retrouve également chez vous...S.M. : J'aime bien ça, c'est vrai. Plus on participe au jeu, plus on est vivant, concentré... En fait, plus on participe, plus c'est facile.
Quels ont été vos autres modèles ?S.M. : Hormis Fabien, j'ai beaucoup aimé Bernard Lama, son côté félin, son agilité. Gianluigi Buffon fait aussi partie des meilleurs. Tout comme Iker Casillas, quelqu'un de très complet qui réalise des performances énormes avec le Real et l'Espagne... Il est très impressionnant. Je sais comment ça se passe à Marseille, je n'imagine même pas comment c'est à Madrid ! Un gardien que l'on ne cite pas assez et qui le mérite, c'est Van der Sar. Dans la longévité, la régularité... Pfff, il fait partie du top 3 !
Barthez a quitté l'OM pour Monaco, avant de découvrir l'étranger, à Manchester, et de revenir à Marseille. Envisagez-vous un tel plan de carrière ?S.M. : Je ne me projette jamais. Je pourrais partir et revenir ici, rester toute ma carrière. Mais ça va tellement vite dans le foot, on ne sait jamais ce qui peut se passer : un changement d'entraîneur, une blessure, des performances en baisse, le recrutement d'un gardien... Je me sens très bien ici. Je suis dans un club mythique, j'évolue dans un superbe cadre, les supporters sont bien avec moi.
Des supporters qui vous ont dédié un chant...S.M. : C'est touchant, ça prouve leur affection. Ce chant, je l'entends pendant le match, il me porte. Même si je fais une ou deux erreurs, ils le chantent au lieu de me siffler. Ça fait chaud au coeur, c'est une marque de respect importante. Et quand on entend ça, même si on se doit d'être motivés en toutes circonstances, on a encore plus envie...
Votre 1er match avec l'OM, à Caen le 25 août 2007, conserve-t-il une saveur différente ?S.M. : Oui, c'est celui dont je me souviens le plus. C'était dans un contexte particulier avec la blessure de Cédric (Carrasso, victime d'une rupture du tendon d'Achille, ndlr). Je retournais en plus en Normandie, pas loin du Havre. Il y a eu tout un tapage médiatique sur ma participation avant le match. Finalement, on a gagné 2-1. Je commençais bien, ça m'a permis d'être performant par la suite. Je garde encore des images dans ma tête. D'ailleurs, j'emmagasine quasiment toutes les rencontres ou, du moins, les buts que j'ai encaissés. Quand je vois les images d'un match, je sais comment j'ai pris le but.
Quels sont les cinq rencontres les plus marquantes alors ?S.M. : La première, c'est sûr ! Le match du titre de champion, contre Rennes au Vélodrome (3-1, le 5 mai 2010), c'est très beau. En finale de la coupe de la Ligue, face à Bordeaux (3-1, le 27 avril 2010), c'était pas mal non plus ! (Pensif) Le 3-1 à Paris, au Parc (15 mars 2009 ) avec Zenden était sympa aussi. (Encore plus pensif) Pfff, c'est dur de sortir des matches, je pourrais en citer une dizaine... Allez, pour la "déconne", le premier en coupe d'Europe face à Besiktas, au Vélodrome (2-0, le 18 septembre 2007) car c'était la première fois que j'entendais la musique de la Ligue des champions... La qualification à Dortmund peut aussi rester dans les mémoires. On perd 2-0, on est éliminé, et finalement on renverse la situation...
Et le plus bel arrêt ?S.M. : À Lorient ! C'est sur un corner, il grêle, il neige, il vente... Il y a un coup de tête, j'y vais avec la main opposée. Je l'ai revu en images, il est beau et impressionnant car il y a tout ce qu'il faut et dans des conditions difficiles. Après, certains arrêts sont plus déterminants, donc c'est difficile d'en sortir un. Celui contre Bordeaux, samedi dernier, n'est pas beau, mais il est décisif.
Y a-t-il des arrêts que vous regrettez de ne pas avoir faits ?S.M. : Non, avec des "si"... C'est plus des situations comme dans le match contre Lyon (17 mai 2009), sous Gerets, où il y a ce penalty de Benzema à 0-0. C'était décisif et, au final, on perd 3-1. On pouvait être champions derrière... Mais on se sert des erreurs pour ne plus les reproduire. Au début, je prenais tout mal ; aujourd'hui, je prends sur moi.
Gardien, c'est aussi une seconde nature chez les Mandanda avec vos trois frères qui évoluent au même poste...S.M. : Ah ! Ce n'est pas courant d'avoir quatre gardiens dans la famille ! (Sourire) Parfait (22 ans) joue à Charleroi (D2 belge) ; Riffi (17 ans) est sous contrat à Caen, mais il est prêté à Tarbes (CFA) ; et Over (13 ans) est à Vincennes (U13). Je ne sais pas d'où ça vient. En étant attiré par le poste de gardien, je les ai peut-être influencés inconsciemment. Il y a de la qualité chez eux. On échange très souvent et, forcément, on parle de foot, on se raconte nos matches, mais on essaie aussi de débrancher et de sortir de tout ça.
Le bémol, par rapport à Barthez, concerne l'équipe de France et cette situation concurrentielle ...S.M. : (Il coupe) Il n'y a plus trop cette situation de concurrence puisque le sélectionneur a tranché et a établi une hiérarchie. C'est plus clair, on sait que Hugo (Lloris) est N.1 et que je suis N.2. C'est comme ça, le coach a fait son choix. Ce n'est pas facile d'être remplaçant, mais l'objectif collectif prime sur mon objectif personnel. Il faut que tout le monde tire dans le même sens.
Retrouvez l'intégralité de l'interview aujourd'hui dans La Provence - Citation :
- Mandanda : "En Bleu, j'étais numéro 1 et j'ai laissé passer cette chance"
Alors que Steve Mandanda s'apprête à égaler le nombre de matches disputés avec l'OM de Fabien Barthez, l'international français est revenu dans La Provence sur sa situation en équipe de France, où il est le numéro 2 de la hiérarchie de Laurent Blanc derrière Hugo Lloris.
"Ce qui me ronge, c'est que j'étais numéro 1 et que j'ai laissé passer cette chance... J'y pense à chaque match, chaque compo d'équipe ou chaque sélection. J'ai ce sentiment au fond de moi, je suis énervé ou frustré contre moi-même. On fait souvent des comparaisons, alors qu'il n'y a pas forcément besoin de le faire. Qui est le meilleur, qui est ceci..."