Aulas: «Pour un foot d'élite» Jean-Michel
Aulas espère que l'émotion suscitée par la lourde défaite de l'OL à
Barcelone (2-5) dépassera les frontières de son club. Assumant les
insuffisances de son équipe, il a surtout délivré, après le match, un
appel très clair et très précis «
aux dirigeants du football français» pour une organisation tournée «
vers l'élite» et non vers «
l'égalitarisme». Il est la source, selon lui, de l'écart si important relevé contre le Barça. Attention, appel décomplexé...
« Jean-Michel Aulas, comment analysez-vous la soirée passée à Barcelone ?Nous
avons connu un match difficile contre une équipe de Barcelone
absolument formidable. L'OL a pas livré le match qu'on souhaitait, il y
a eu un certain nombre de difficultés dès le début de la partie. C'est
une immense déception qui envahit tout le club, les joueurs, et en
particulier les plus expérimentés. Ils savent qu'arriver à ce stade
demande tellement d'efforts... La non-qualification est un échec. Et il
y a la manière. Barcelone a été infiniment supérieur à l'OL.
A 4-2, vous y avez cru ?Oui
j'y ai cru. On a eu une nouvelle occasion qui aurait pu nous permettre
de revenir à 4-3. Mais certains joueurs ont craqué. L'accumulation de
cartons jaunes et le carton rouge de Juninho sont venus ajouter à la
perplexité de la défaite un sentiment de mauvaise finition. Je suis
malheureux pour Juninho, j'aurais tant aimé qu'il finisse sur une note
bien meilleure. Il faut l'accepter. Bravo à Barcelone, qui a développé
un niveau de jeu rarement atteint.
Êtes-vous inquiet sur la capacité de votre club à franchir ce niveau ?De
l'inquiétude pour l'OL, mais pas seulement. Il ne faut pas oublier que
nous sommes le meilleur club français depuis dix ans. Quand le meilleur
club rencontre autant de difficultés, quand on relève l'écart avec le
meilleur club espagnol, tout le monde doit s'associer à cet échec. On
prend notre part de responsabilité, mais si on peine dans cette
compétition, il y a des raisons structurelles. Il faut que tout le
monde s'interroge. Sur les enceintes sportives par exemple. Des stades
comme le Camp Nou, c'est infiniment mieux que Gerland et les autres
stades français. L'organisation du foot professionnel, sur les
calendriers, la fiscalité, est différente. Je suis là pour apporter des
explications, et non pas des justifications. Si OL a failli, ce n'est
pas seulement les joueurs de l'OL, c'est un ensemble de choses à revoir
dans le football français. On en tirera nos conclusions. Mais au-delà,
il faut faire en sorte de prendre les bonnes décisions.
Pouvez-vous préciser ?Il
y a un gros écart non pas entre l'OL et le Barça mais entre le football
français et les meilleurs des autres championnats. Ceux qui tirent les
bilans feraient bien d'interroger les dirigeants du football français.
Quand on a un état d'esprit tourné non pas vers l'élite, mais vers un
égalitarisme qui rabaisse le niveau de tout le monde, on a ce qui est
arrivé ce soir. L'Espagne a une politique d'élite, des lois fiscales
qui font que les meilleurs joueurs viennent ici, des stades comme le
Camp Nou que nous n'avons pas. Pour nos stades, on nous empêche de
faire de manière privée ce qui est indispensable ! Il faut analyser ce
qui se fait de meilleur en Espagne et en Angleterre pour s'en inspirer,
et ne pas s'enfermer dans des idées obsolètes. Elles ne permettent pas
aux clubs français de jouer à armes égales. On n'a pas été très bons,
d'accord, mais Barcelone est tellement supérieur qu'il faut
s'interroger sur les raisons structurelles de cet écart.
Le projet, émis mardi par un cabinet, de play-offs et d'élite resserrée à seize clubs, cela vous convient ?Je
n'ai pas eu le temps de prendre connaissance de ce projet. Mais, vous
savez, c'est un état d'esprit. Quand vous voyez que les joueurs
lyonnais se font siffler en France sous le maillot de la sélection, on
doit se poser un certain nombre de questions. Il faut mettre des atouts
de notre côté avec un championnat d'élite, un état d'esprit tourné vers
l'élite et pas vers les plus mauvais. Quand un travail de fond est
fait, il faut le reconnaître et ne pas jalouser.
Comment voyez-vous les semaines à venir ?Il
ne faut pas baisser les bras ou regarder en arrière. Il y a un
championnat à jouer. Nous avons des joueurs de qualité. Cela s'est
resserré. Un certain nombre de clubs ont progressé évidemment. Nous
avons aussi des joueurs programmés pour la Ligue des champions, avec
une motivation sélective. Nous avons eu jusqu'à sept à huit
internationaux blessés depuis le début de saison. Aucun autre club
français et européen n'aurait maintenu sa suprématie dans ces
conditions. Dix-neuf autres clubs aimeraient être à notre place. On a
va trouver les mots pour ne pas donner plus de plaisir à nos
concurrents. »
source l'équipe