Six nominés, et bien plus de contestations en perspective : le futur lauréat est pourtant parmi ceux-ci, et on ne doute pas qu'il complètera dignement le palmarès.
Le Ballon de Plomb, c'est la crise de décembre des Cahiers du foot. Un trophée qui suscite toujours énormément de désaccords: sur son existence même, sur ses critères, sur la liste des nominés – moins sur celle de ses lauréats. Pour la deuxième année consécutive, le vote en faveur d'une non-attribution est possible (arrivée en deuxième position l'an passé). Mais pour la première fois, la liste ne compte que six candidats, afin de ne pas chercher à atteindre le traditionnel quorum de dix à onze postulants, alors que la pénurie est patente.
Cela ne devrait pas modérer les controverses sur les présences et les absences. D'autant que les anomalies sont criantes: trois Marseillais (et encore, on a écarté
Raspentino et
Leyti N'Diaye), deux Bordelais seulement (dont aucun
Ben Khalfallah et aucun
Chalmé), pas un membre de la défense lyonnaise (les bougres se sont bien cachés les uns derrière les autres), pas un Parisien malgré un ratio prix de revient / bénéfice sportif accablant pour certains, pas même un relégable.
Les six candidatsJordan Ayew (Olympique de Marseille)
Joey Barton (Olympique de Marseille / Queens Park Rangers)
David Bellion (Girondins de Bordeaux)
Alou Diarra (Stade rennais / West Ham United)
Florian Marange (Girondins de Bordeaux / Crystal Palace)
Florian Thauvin (SC Bastia / Lille OSC / Olympique de Marseille)
Short list, hard listCette sélection réduite n'est pas un parti pris: à chaque fois que nous nous engagions avec enthousiasme dans l'étude d'une candidature potentielle, il n'y eut que déception. L'année de Leyti N'Diaye, footballeur virtuel, ne représente rien par rapport à un contrat à Marseille de 2004 à 2013 présentant une vingtaine de matches et huit prêts. Mollo ou Ménez, sur cet exercice, seraient surtout éligibles au nom d'un délit de sale gueule qui ne fait pas partie des critères (NB: le BdP n'est pas non plus un test de QI). Mvuemba, Raspentino, Moukandjo, Boudebouz? Difficile de trouver en ceux-là de quoi dresser une candidature un tant soit peu drôle, tant ils ne fournissent que des exemples fort banals de carrières qui se délitent. Ali Ahamada, pour sa collection de boulettes depuis son but? Trop léger sur la mentalité et le choix de carrière, et nul ne peut remplacer Damien Grégorini dans nos cœurs.
Et du côté des "stars"? On peut avoir trouvé ridicule son intérim au PSG, mais David Beckham n'atteint pas les minima sur ne serait-ce qu'un seul critère, malgré ses trois matches et demi en Ligue 1 (318 minutes en dix apparitions dont deux comme titulaire), et son bilan de 15 corners tirés, une passe décisive, zéro tir cadré, une touche ratée et une expulsion au Parc des sports d'Annecy. Certains ont avancé les noms de Gourcuff, Pastore ou Gomis, mais s'il existe beaucoup de conceptions différentes du Ballon de Plomb, ils ne correspondent pas du tout à la nôtre.
La tentation de rendre plus parodique la sélection a bien existé. Une candidature collective girondine pouvait séduire en unissant les forces des deux nommés, mais aussi de Chalmé, Planus, Ben Khalfallah, Sané, Jussiê et pourquoi pas le sympathique Cheik Diabaté – dont la technique évoque les robots de Pacifim Rim, et qui réincarnerait un Ballon de Plomb sympathique et maladroit (avec le meilleur sourire de Ligue 1). Trop bancale, elle a été écartée sans que l'on parvienne à trouver suffisamment d'éléments à charge pour requalifier l'un d'eux en candidat individuel (même s'ils font de bons sujets de blague). Lovés dans la ouate bordelaise, les vainqueurs de la Coupe de France ont même esquivé le BdP.
Les nominés sont-ils beaucoup plus légitimes que ces recalés? Pas forcément beaucoup, mais plus, oui: ils ont la stature de candidats, à défaut d'avoir tous celle d'un vainqueur. Ils ont des défauts, mais nous avons estimé que leurs "mérites" l'emportaient. Rappelons que la configuration de l'an passé était analogue, et que le lauréat a finalement présenté tous les gages de crédibilité... Place, donc, aux candidatures, puis à l'élection. Le successeur d'Issam Jemaa sera connu le 13 janvier, jour de la cérémonie du Ballon d'Or. L'élection du Ballon de d'Eau fraîche, elle, s'annoncera tantôt.
Les conditions d'éligibilitéAvoir figuré dans un effectif de Ligue 1 au moins une demi-saison cette année.
Les trois critères d'électionQualités footballistiques intrinsèques, mentalité, choix de carrière.
Le voteSur le site des Cahiers du foot du 3 au 10 janvier.
Le palmarès2003 : Francis Llacer
2004 : Fabrice Fiorèse
2005 : Benoît Pedretti
2006 : Bernard Mendy
2007 : Matt Moussilou
2008 : Frédéric Piquionne
2009 : Mateja Kezman
2010 : Yohan Démont
2011 : Moussa Maazou
2012 : Issam Jemaa