[Pro] 30.Steve Mandanda

« Tout du gardien moderne »

Jeudi, dernier de nos trois volets consacrés à Steve Mandanda et Hugo Lloris, les deux gardiens français qui montent. Entraîneur de Mandanda à l’OM, Laurent Spinosi nous parle de son petit protégé.


L’homme
C’est quelqu’un d’extraordinaire. C’est une joie de travailler avec des garçons comme ça. A ce niveau-là, de toute façon j’ai toujours eu de la chance jusqu’à maintenant. Que ce soit Fabien (Barthez), Cédric (Carrasso) ou Steve, c’est à chaque fois quelque chose de fort et d’intéressant humainement car j’ai à faire à des personnalités certes différentes, mais surtout à des gens entiers, qui donnent tout. Et qui te le rendent en dehors des terrains.

Personnalité
Steve est quelqu’un qui n’aime pas trop faire de bruit, qui ne parle pas beaucoup en règle générale mais qui a l’air d’être bien dans sa peau. Mais ce n’est pas quelqu’un qui va parler fort ou se faire remarquer.

Entraînement
Nous sommes là pour lui et essayons de faire ça du mieux possible. C’est quelqu’un avec qui il n’y a aucun problème pour travailler. Il est vraiment agréable.

Progression
Quand nous l’avons pris, nous savions qu’il avait des qualités car nous l’avions supervisé pendant quelques temps. Il a confirmé ensuite à l’entraînement et quand Cédric s’est blessé, nous ne nous sommes pas posés la question, même si tout s’est enchaîné très vite. Plus Steve jouait, plus il s’affirmait. Et à un moment donné, tu as beau faire tous les entraînements du monde, seul le terrain te fait avancer.

Portrait
Quand tu le vois jouer, tu vois sa prestance, sa dégaine. Le mec, il est complet. Il joue au pied, il sort, il va vite, il est grand. Il a tout du gardien moderne.

« Steve garde tout pour lui »

Régularité
Nous faisons en sorte, à tous les matchs, par de petits mots, de le mettre dans les meilleures dispositions. Après, c’est lui et ça dépend comment il se sent. Il y a des matchs où il n’y a même pas besoin de lui parler. Nous essayons de faire un gros travail sur le mental sans lui prendre la tête, mais il n’y a pas beaucoup à faire car c’est quelqu’un qui est assez serein, qui ne doute pas. Même si parfois il est un peu moins bien, il arrive à s’en sortir par ses qualités naturelles. C’est important.

Maturité
J’ai connu Fabien (Barthez) au même âge, ils se ressemblent beaucoup. J’ai également vu « Carrasse » débuter très jeune, et je l’ai, lui aussi, trouvé très calme. De toute façon, pour jouer à l’OM, il faut cette sérénité et cette confiance. Sans ça, ils ne peuvent pas jouer chez nous. S’ils ont trop la pression, à un moment donné, ça ne passera pas. Il faut juste cette pression positive dont ils ont besoin et qui les fait avancer. Quand tu es gardien et que tu as joué ici, tu peux ensuite passer partout.

Mentalité
En général quand il prend un but, il essaie de se reconcentrer de suite et on ne voit ça que le lendemain ou après le match. On reparle alors de l’action ou de la situation. Surtout le lendemain. Quand c’est sa faute, il le sait de toute façon. En dehors de ça, il ne se pose pas trop de questions. Et dans les petits jeux, il ne se prend pas la tête. J’ai connu des mecs, quand ils prenaient des buts à l’entraînement, c’était comme en match, mais c’étaient des fêlés ! Lui, il le montre moins. A l’entraînement, on n’est pas là pour balancer les ballons partout et casser les poteaux, ça ferait rigoler tout le monde. Steve est un garçon intelligent, donc il garde tout pour lui. Ça se passe à l’intérieur.

Jeu aérien
Aujourd’hui, nous avons de très bonnes écoles de formation. Au niveau des gardiens, il y a un boulot monstre de fait, donc quand ils arrivent, les mecs ont déjà bossé dans tous les compartiments. Ils n’ont pas beaucoup de points faibles, mais beaucoup de points forts. Que ce soit dans le jeu aérien, dans le jeu au pied, dans la détente… Steve fait partie des gardiens modernes, avec toutes les qualités requises pour jouer au plus haut niveau. Tout ce qu’il nous montre depuis pas mal de temps.

Jeu au pied
Ça lui plaît de travailler cette technique-là. Car c’est un geste qu’il ne faut pas négliger. Les relances, les ballons remis par les défenseurs quand ils sont pressés, nous travaillons tous ces ballons-là. Et comme il est très adroit avec les deux pieds, il s’éclate bien.

« Quand il arrive sur l’attaquant, ça déménage »

Sorties
Aujourd’hui, de toute façon, si tu n’es bon que sur ta ligne, tu ne peux pas jouer. Steve, c’est quand même un beau bébé, il a un physique. Donc c’est sûr que quand il arrive sur l’attaquant, ça déménage. C’est un point intéressant pour lui car les attaquants, quand ils le voient arriver, réfléchissent à deux fois.

Réflexes
Comme c’est un mec qui aime bien ça, nous travaillons tous les jours dans ce domaine. A l’entraînement, quand il touche le ballon et qu’il fait ses exercices, je sens qu’il est au top. Il se fait vraiment plaisir. C’est là que tu vois vraiment le niveau du garçon.

Avenir
Pour l’instant, je le laisse digérer tout ce qu’il vient de vivre. Car en quelques mois, on a beaucoup parlé de lui. Ce n’était pas facile à supporter, mais il a montré qu’il avait les épaules suffisamment larges pour supporter ça. En plus, c’est un garçon qui ne s’est pas enflammé et avec lequel on voit match par match. On essaie de bien travailler à l’entraînement et de rectifier petit à petit ce qui ne va pas. Comme je l’ai fait avec les gardiens que j’ai eus avant, je veux avant tout que mes gars soient heureux quand ils enfilent les gants.

Mandanda / Barthez
J’ai beaucoup de chance dans mon travail, car quand tu as connu Fabien dans le travail, tu peux passer partout après. Car Fabien c’est l’exigence du haut niveau, c’était le meilleur gardien du monde et le mec qui m’a fait avancer dans mon travail. Steve (Mandanda) est en train de bénéficier de toute l’expérience que j’ai emmagasinée avec Fabien, au niveau du contenu des séances et la façon de se préparer. J’ai aussi la chance de travailler avec Cédric (Carrasso), dont on parlera longtemps. Tout ça, c’est mon bonheur. Je leur souhaite tout le bonheur et je fais en sorte que mon travail et l’investissement que je leur donne leur permettent d’avancer.

Mandanda / Lloris
Je ne m’occupe que de mon gardien, je ne regarde pas les autres. Je sais juste que nous avons de très bons gardiens en France et qu’en effet, Steve et Lloris « se détachent » car ils sont plus jeunes et qu’ils viennent d’arriver. Lloris, je le vois jouer que de temps en temps, et encore uniquement devant la télévision. Je n’ai pas de comparaison à faire, ce n’est pas le genre d’exercice qui me plait.

Mandanda et le retour de Carrasso

Cédric Carrasso a repris l'entraînement depuis quelques jours. S'il n'est pas encore prêt pour faire parti du groupe olympien, cela arrivera dans quelques semaines. La question du choix que devra faire Eric Gerets est d'ores et déjà posée.
De son côté Steve Mandanda avoue ne pas se prendre la tête avec ça. "J'attendais la question !" a indiqué le gardien marseillais en conférence de presse. "Je savais très bien que Cédric allait revenir. Maintenant, je joue. On verra bien. C'est au coach qu'il faut poser ces questions !"
Sera-t-il prêt à retrouver le banc ? "On verra quand cela arrivera !" insiste Steve. "Pour l'instant je sais que j'ai encore quelques matchs à jouer donc je ne me prends pas la tête avec ça. Mon objectif pour cette deuxième partie de saison est de jouer un maximum de matchs et essayer de continuer à être toujours performant."