[Liverpool FC] The Scousers' topic

Gerrard est frustré

Dans un entretien au magazine officiel du club de Liverpool, Steven Gerrard fait part de sa frustration quant aux résultats de son équipe cette saison. «Ça me rend malade quand je regarde le classement et que je vois le trou qui nous sépare d'Arsenal en tête du classement, confie le capitaine des Reds. Ça me fatigue de répéter la même chose à chaque fois. Dans la position où nous nous trouvons maintenant, finir quatrième serait un moindre mal. Mais nous avons des ambitions plus grandes que cela. La seule ambition que nous pouvons accomplir c'est en Ligue de Champions. Et je ne vais pas feindre que même la victoire de ce trophée - et nous y sommes encore loin à l'heure actuelle - ne compensera la déception de notre parcours en championnat. J'ai 27 ans maintenant, je ne veux pas continuer à parler de la saison suivante quand j'en aurai 32. Nous avons le stade, les supporters, le manager et les joueurs pour rivaliser en Premier League. Mais nous n'avons aucune chance d'y arriver un jour si nous sommes toujours hors de la course à la première semaine de janvier». Liverpool est actuellement cinquième du championnat d'Angleterre, à dix-sept points d'Arsenal, avec un match en retard.

« J’AI BIEN FAIT DE VENIR »

Fernando Torres, trente buts cette saison, a conquis Anfield en sept mois. Il prédit un accueil mémorable aux Blues de Chelsea.

Un à un, Fernando Torres est en train de faire tomber les murs qui le séparent d’un avenir radieux sur les bords de la Mersey, dans les pas du mythique attaquant gallois des Reds Ian Rush. Auteur de 30 buts en 42 rencontres officielles, l’Espagnol au visage juvénile s’est adapté à l’environnement anglais au-delà des espérances. Pourtant, l’été dernier, lorsqu’il est recruté par Rafael Benitez à prix d’or (39 M€), en provenance de l’Atletico Madrid, Torres, ving-quatre ans, ploie sous le poids des responsabilités. Il devient à la fois le footballeur espagnol le plus cher et la recrue la plus onéreuse de l’histoire de Liverpool. En héritant du numéro 9 de Robbie Fowler, il alourdit un peu plus sa nouvelle tunique. Mais il faut croire que le Madrilène, sous contrat jusqu’en 2013, n’est pas homme à patienter. Précoce, « El Niño », rebaptisé outre-Manche « El Kid », est le deuxième meilleur buteur de Premier League (22 réalisations) derrière Cristiano Ronaldo. Il possède un impact sur le jeu de son équipe qu’aucun autre attaquant de calibre international (Henry, Drogba, Van Nistelrooy, Chevtchenko) n’avait eu en découvrant l’Angleterre. Et les supporters le lui rendent bien. Les maillots floqués du numéro 9 sont en tête des ventes devant ceux du capitaine emblématique Steven Gerrard.

– Sept mois après votre arrivée à Liverpool, vous allez disputer la première demi-finale de Ligue des champions de votre carrière. Comment le vivez-vous ?
– De la Ligue des champions, on en rêve tous. En quelques mois, je suis passé du fauteuil du téléspectateur à acteur. Et j’ai déjà beaucoup de souvenirs. Le match à San Siro contre l’Inter avec mon but (1-0), la qualification à Marseille (4-0), le but au match retour contre Arsenal (4-2). Celui-là, je m’en souviendrai toute ma vie ! Et maintenant, Chelsea. À Anfield, ça va être fantastique. Je ne me pose pas de questions. La seule chose que je me dis souvent, c’est : “ J’ai bien fait de venir. ”

– Trente buts toutes compétitions confondues, quand votre record était de dix-neuf, en Liga, en 2003-2004. La patte de Benitez a-t-elle fait de vous un autre joueur ?
– Avant de signer, il m’avait déjà tout expliqué : comment on allait jouer, les objectifs. J’avais même un programme de travail avant de commencer. Il n’a pas arrêté de me dire que j’avais la vitesse pour réussir, qu’il avait confiance en moi. Rafa (Benitez), il a à la fois un grand pouvoir de séduction et une exigence folle. À la fin d’un entraînement, quand tout le monde est fatigué, il peut nous faire répéter une situation de jeu, vingt à trente fois, sans problème.

– Sa méthode passe toujours aussi bien ?
– Faut croire. Son grand truc, c’est le bloc équipe. Il a aussi l’obsession du détail. Il calcule tout, les trajectoires, les courses. Ensuite, il visionne sur son ordinateur. Et s’il te place à 1,50 m du point de penalty, t’as pas intérêt à être à 2 m. Parce que, les 50 cm d’écart, il te démontrera que c’est la différence entre un but et une occasion de but. Et ça marche. La preuve, moi, avant de venir à Liverpool, je n’avais jamais réussi de hattrick de ma vie, en club. Depuis le début de la saison, j’en suis à trois : contre Reading, Middlesbrough et West Ham.

– Mais vous ne vous attendiez pas à être comparé aussi vite à Cristiano Ronaldo. Ça ne risque pas de vous monter à la tête ?
– Ufff…! Cristiano Ronaldo, c’est l’un des meilleurs joueurs du monde en ce moment. On n’a pas les mêmes caractéristiques. Bon, être comparé à lui… (Silence.) C’est une grande fierté. Mais pas de la vanité. Je n’ai pas été élevé comme ça. Sur un terrain, je me bats mais je respecte toujours mon adversaire.

– Quelle est la différence entre le football pratiqué à Liverpool et celui que vous avez connu en Espagne ?
– En Espagne, il faut se faire dix passes, je veux dire beaucoup toucher le ballon, dans une zone où souvent il n’y a aucun danger. Le jeu est plus lent aussi qu’en Angleterre. Ici, on touche moins le ballon, mais quand je le reçois, je suis devant le gardien ou dans les 18 mètres, là où il y a un réel danger de but.

– Qu’avez-vous ressenti la première fois que vous êtes entré dans le vestiaire mythique d’Anfield ?
– Pour être franc, je l’ai trouvé très petit, très vieux, on est les uns sur les autres. Rafa a tenté plusieurs fois de le faire agrandir. Mais les joueurs, les anciens, lui ont expliqué que ce vestiaire, c’était celui de toute une vie, que c’était comme un monument classé. Pour mon premier match, le calendrier a voulu que ce soit contre Chelsea. À la fin de l’échauffement, quand on est retournés au vestiaire, dehors ça chantait si fort que j’avais l’impression que les murs bougeaient. Je me souviens m’être fait cette réflexion : “ Ici, ça doit être impossible de perdre. ” Ce jour-là, j’ai marqué un but à Chelsea.

– Pouvez-vous définir cette équipe de Liverpool ?
– C’est une équipe de gagneurs. Ils le manifestent tout le temps, en match comme à l’entraînement. Ce groupe-là a gagné la Coupe de l’UEFA, la Ligue des champions et il a toujours envie de se dépasser. Rapidement on est pris dans l’engrenage. Ici, un entraînement en dilettante, ça n’existe pas. Ou alors, le dimanche suivant, t’es sur le banc.

– Comment vivez-vous la concurrence ?
– Il y a une règle, et elle est valable pour tous : personne n’est sûr d’être titulaire. Rafa est impitoyable. Celui qui veut jouer doit gagner sa place à l’entraînement. C’est la grande différence avec l’Espagne où il faut un tremblement de terre pour faire bouger la hiérarchie. Ici, les entraînements sont durs, engagés, mais ce n’est pas la jungle non plus. Ça va surtout très vite. À un rythme de match. Le week-end, on retrouve le même état d’esprit : un football physique et assez loyal, à la différence de la Liga où c’est plus vicieux, avec des semelles et des coups de coude qui traînent.

– Un de vos proches a pourtant raconté qu’à Reading vous aviez failli vous faire assassiner ?
– (Il rit.) Je me suis retrouvé souvent par terre. Mes tibias ont chauffé, c’est vrai. Les défenseurs avaient beau arriver avec une ou deux secondes de retard, ils n’étaient pas du genre à freiner. Au final, on a quand même gagné 4-2 et j’ai réussi mon premier hat-trick.

– Les deux centraux de Chelsea, Terry et Ricardo Carvalho, non plus, ne sont pas des agneaux…
– En Angleterre, les défenseurs, les bons comme les moins bons, sont tous durs. Ça doit être une obligation pour signer son contrat (il sourit). Une fois qu’on a assimilé la règle, il faut aller gagner son pain. Je suis payé pour ça. Mais, franchement, la bagarre ne me dérange pas. Quand c’est franc… Et puis Terry et Ricardo Carvalho, depuis le temps que j’ai envie de les affronter ! C’est un honneur qu’ils me font. Pour leur répondre, je vais essayer de leur en mettre un ou deux (rires).

– À dix-neuf ans, vous avez été le capitaine de l’Atletico Madrid et on vous a senti souvent submergé par les responsabilités. Quand vous voyez Gerrard dans ce rôle-là, vous vous dites quoi ?
– Pour être capitaine d’une équipe, il faut de la personnalité et une grosse expérience. Moi, j’ai vécu ça très jeune. Je n’aurais jamais dû l’être. Comment aurais-je pu donner des conseils à des joueurs qui étaient beaucoup plus vieux et plus expérimentés que moi ? Gerrard ou Carragher, ce sont des patrons. Ils ont gagné des titres, ils sont reconnus, respectés. Mais à Liverpool, être capitaine, c’est presque une mission. Gerrard, on vient le voir pour un conseil personnel, il assiste à des remises de prix, il va parler avec les équipes de jeunes. Je me demande ce qui lui reste comme temps, pour vivre sa vie privée.

– Vous sentez-vous un joueur important ?
– (Il réfléchit.) Je ressens chaque jour que j’ai mis les pieds dans un club important. Je sens aussi que j’occupe une place de plus en plus importante dans la stratégie. Oui, je suis peut-être devenu un joueur important. Les résultats le prouvent.

– Le Kop, lui, en est sûr. Il chante vos louanges et vous a composé une chanson. Vous en connaissez les paroles ?
– Elles font référence au bracelet de capitaine que je portais à l’Atletico. Il y avait une phrase écrite dessus… Ça venait d’une promesse qu’on s’était faite entre amis d’enfance. On avait décidé que si un jour la vie nous séparait, que l’un soit au Japon, l’autre en Amérique, où je ne sais où, on ne se laisserait jamais tomber.

– Comment le Kop a su tout ça ?
– Parce qu’on avait fait un serment inspiré de l’hymne de Liverpool, le fameux You’ll Never Walk Alone. Mes amis l’ont fait tatouer sur le biceps, et à moi ils m’ont offert un brassard de capitaine, avec le même message écrit à l’intérieur. Un jour, à la fin d’un match, pendant que la télé espagnole m’interviewait, le bracelet est tombé et la caméra a filmé ce qui était écrit dessus. Quand j’ai signé à Liverpool, ils ont fait passer les images à la télé anglaise. Le lendemain, l’histoire était dans tous les journaux. La réaction du Kop a été de dire : celui-là, il était déjà des nôtres avant de venir. Et ils m’ont dédié quelques couplets sur l’air d’une chanson des Animals.

– Vous avez rencontré récemment Kenny Dalglish, une légende vivante de Liverpool. Quel conseil vous a-t-il donné ?
– Ce jour-là, j’ai pu me rendre compte, quand j’ai été face à Dalglish, que c’était comme si je n’existais pas. Il racontait des tas d’anecdotes, et tout le monde riait. Il a eu des mots très sympas pour moi. Il m’a dit que j’étais "la meilleure recrue de l’été en Angleterre". Et aussi qu’"à la différence de certains" moi, les buts, je me "les fabrique". J’étais rouge comme une tomate. Un journaliste a parlé de "la rencontre de King Kenny et d’El Kid". Quand Kenny a quitté le pub, les gens ne le saluaient pas, ils lui faisaient la révérence. Cette culture de la tradition, des anciens joueurs, si on pouvait s’en inspirer un peu, chez nous…

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