Mario Lemina : "Ça me donne envie de me défoncer"Pour sa deuxième saison à l'OM, Mario Lemina veut se donner à fond.
Maaariiiiiiio !" Sur le bord du terrain,
Marcelo Bielsa s'époumone. Il rappelle souvent à l'ordre
Mario Lemina dans son style inimitable. L'ex-Lorientais nous raconte comment se passe la collaboration avec El Loco.
Depuis le début de la préparation, on n'entend que votre prénom dans la bouche de Marcelo Bielsa...M.L : Le coach est perfectionniste, il aime que les choses soient carrées. Je fais partie des joueurs du milieu de terrain auxquels il faut prêter beaucoup d'attention. Je suis un peu la pièce centrale de l'équipe. Parfois, je lâche un peu le marquage ; l'entraîneur me rappelle à l'ordre. Je le prends bien. Ça prouve qu'il fait attention à moi. Ça me permet de progresser. Il m'accorde beaucoup d'attention. C'est important de me sentir utile, même si ce n'est que les matches amicaux et que tout peut basculer. J'essaie de montrer ma meilleure image.
Entendre l'entraîner hurler sur vous vous donne-t-il envie d'en faire plus ? Ou cela peut-il vous inhiber ?M.L : Ça me donne vraiment envie d'en faire plus. J'ai envie de prouver que je peux être un joueur intéressant. Il va encore gueuler sur moi ! Si c'est le cas, ce sera bon signe... Ça me donne envie de me défoncer pour lui et le club. On sort d'une saison mitigée où l'on n'a pas atteint nos objectifs. On aimerait inverser la tendance.
Avez-vous déjà côtoyé un entraîneur qui exige autant de vous ?M.L : Oui. Christian Gourcuff était vraiment sur moi. Ce que je vis en ce moment me rappelle Lorient à mes débuts.
Vous avez abandonné le milieu pour la défense centrale. Comment vous êtes-vous senti ?M.L : Au début, j'étais un peu perdu, car je n'ai jamais joué à ce poste. Défenseur central, ça ne me déplaît pas. Si, face à Leverkusen, ça a été compliqué, ça allait mieux contre Benfica. J'ai pris mes repères et ça s'est bien passé.
Ce changement a-t-il été travaillé à l'entraînement ?M.L : Oui. On travaille beaucoup le changement de tactique en milieu de match. On commence à s'y habituer. Le coach veut qu'on joue soit à trois, soit à deux en défense centrale. Ça ne nous pose aucun problème.
Allez-vous faire toute la saison en défense ?M.L : C'est une solution transitoire. Tout dépendra de nos adversaires, s'ils ont un ou deux attaquants. Ça dépendra aussi de la manière dont on entamera le match. Cela élargit ma palette, je peux montrer d'autres aspects de mon football. J'ai beaucoup à prouver.
Comment définiriez-vous la méthode Marcelo Bielsa ?M.L : Il ne laisse rien au hasard. Sa méthode pompe beaucoup d'énergie, car elle est basée sur le pressing et une récupération haute. On défend bien et on laisse les attaquants créer. Le coach laisse les milieux et les attaquants libres de leurs choix.
La débauche d'énergie est importante...M.L : Aujourd'hui, on ne court plus dans le vide. On sait à quel moment on doit presser, si bien qu'on ne perd pas d'énergie bêtement. Cette tactique est assez intelligente.
Avant, vous couriez dans le vide ?M.L : Oui. On pressait chacun notre tour, c'était compliqué de récupérer le ballon. Là, le pressing est bien fait, tout le monde le fait en même temps. On récupère la balle plus haut et on s'économise pour d'autres actions.
Comment travaille-t-on le pressing ?M.L : On fait des pressings à vide avec ballon et sans adversaire, juste pour travailler les déplacements de chacun. Parfois, les jeunes pros sont face à nous. Mais il n'y a pas de contact.
On vous a vu terminer des entraînements exténué...M.L : Oui. C'était difficile. Quand je rentre aux vestiaires ou à la maison, je sens que j'ai travaillé, que j'ai appris de nouvelles choses qui me serviront pour la suite. Ça me fait du bien.
Le Club Med décrit par un entraîneur belge en stage à La Commanderie l'an dernier est bel et bien terminé...M.L : Je ne peux pas dire que c'était le Club Med, c'était exagéré. Il est venu quand on a fait un tennis-ballon ; ce n'est pas tout le temps le cas, faut pas abuser non plus... Je n'ai pas trop compris cette histoire. Pour en revenir à aujourd'hui, Bielsa veut mettre sa patte. Il nous fait beaucoup travailler, c'est normal.
À quoi ressemble une journée d'entraînement type ?M.L : On s'entraîne à 9 h. Chaque matin, on fait la pesée. On ne peut pas tricher ! Puis viennent le petit-déjeuner, la muscu et l'entraînement. Ensuite, le repas de midi puis la sieste, jusqu'à 17 h. La deuxième séance est prévue à 18h30 et suit le "goûter". Avant les deux entraînements quotidiens, on regarde des vidéos sur les exercices que l'on va faire. Après, ça dépend de la complexité de l'exercice car les schémas qu'il nous montre ne sont pas toujours faciles à reproduire sur le terrain. Cela implique plus de concentration pour retenir le schéma car il demande que tout soit réalisé avec beaucoup de rythme. Il ne veut pas qu'il y ait d'erreur. Si c'est le cas, on refait l'exercice. Parfois, quand on n'a pas bien compris ce qu'il nous demande, il nous stoppe directement et on passe à autre chose. Mais la plupart du temps, ça se passe super bien. Il veut que tout soit fait à fond ; ça, je ne l'ai jamais vu. Le parcours de santé ? À Lorient, il y en a un qui est beaucoup plus grand. Celui de La Commanderie est plus difficile, il y a plus de montées.
Comment communiquez-vous ?M.L : Il a un très bon traducteur. On commence à comprendre ce qu'il nous demande à force de l'entendre parler en espagnol.
Comment est le groupe physiquement ?M.L : Bien. On récupère bien après les matches. Après Leverkusen (4-1), on est rentré à La Commanderie pour faire les soins. Comme on joue les matches amicaux, les entraînements ne sont pas aussi lourds ni épuisants que ça. Ils sont surtout tactiques. On passe la plupart de nos nuits ici.
Avoir un entraîneur comme Bielsa vous fait-il accepter plus facilement les charges de travail ?M.L : Je vais vous dire un truc : je ne le connaissais même pas ! Je ne savais pas qui c'était. J'ai vu sa méthode de travail et ça m'a beaucoup plu. Quand tu connais le personnage et ses objectifs, ça donne vraiment envie de se défoncer pour lui. Ça nous donne une certaine fraîcheur et ça amène un renouveau.
Est-il vraiment "loco" ( "fou") ?M.L : Ouais El Loco... Mais il reste un humain comme un autre. Il sait aussi rigoler, même si on ne comprend pas trop ce qu'il nous dit en espagnol. Par moments, il essaie de nous chambrer. Il sait être dur, mais à la fin de la dernière séance, il nous sort une petite blague.
Quels sont ses objectifs, justement ?M.L : Vous verrez quand il s'exprimera. Je pense qu'on a tous les mêmes objectifs, on en parlera en temps voulu. On verra comment on va débuter la saison. Il faut qu'on se mette la pression. On est l'OM, on n'est pas une petite équipe. On veut montrer à tout le monde qu'on peut accrocher le podium.
Et sur un plan personnel ?M.L : Je dois prendre plus confiance, oublier ce qui s'est passé l'année dernière et repartir sur de bonnes bases. Je me sens plus fort. En plus, je connais l'environnement du club, j'ai gagné en assurance. Je ne me sens plus comme le petit nouveau, mais comme un membre à part entière de l'équipe.
Avec votre compagne, vous avez été victimes d'un home-jacking en fin de saison passée. Êtes-vous parvenu à passer à autre chose ?M.L : Oui. Je ne peux pas rester sur de tels moments. Pour mes parents et ma copine, ça a été difficile. C'est de l'histoire ancienne. Ils sont venus pour certaines raisons. Ça ne m'a pas plus choqué que ça. J'étais prévenu qu'à Marseille, il pouvait y avoir des braquages ou des home-jackings. Je ne pensais pas que ça allait tomber sur moi.
Cet épisode vous a-t-il donné l'envie d'aller voir ailleurs ?M.L : Non. À aucun moment, je n'ai eu envie de partir. Si cet événement s'est produit, c'est que je n'ai pas été si vigilant que ça. C'est la vie. Je joue à l'OM, je ne peux pas rêver mieux. Ma vie ne va se terminer à cause de cet incident. J'ai encore plein de choses à vivre, je n'ai que 20 ans.
:La Provence: