Entretien avec... Julien Rodriguez : « C’est toujours compliqué à Marseille »
N'ayant plus été sur un terrain depuis un an et demi et étant libre de tout contrat depuis plus de six mois, Julien Rodriguez a connu des périodes mouvementées à l'OM. Pour Foot Mercato, le joueur revient sur son parcours, son année, et évoque son avenir.
Foot Mercato : Tout d’abord Julien, comment allez-vous ?
Julien Rodriguez : Et bien ça va bien, merci, aucun problème pour moi.
FM : Vous n’avez plus joué au football depuis maintenant un an et demi, où en êtes-vous exactement ?
JR : Je m’entretiens un peu, je fais un peu de sport, de footing. Je m’entretiens, mais à 34 ans, ce n’est pas évident de trouver quelque chose d’intéressant.
FM : Disposez-vous de quelques contacts ou est-ce pour l’heure vraiment compliqué ?
JR : C’est assez calme pour l’instant. J’ai une vie sur Marseille, j’essaye de trouver quelque chose qui peut m’intéresser dans la région, avec un challenge sportif intéressant.
FM : Quels types de challenges pourraient vous intéresser ?
JR : Je ne sais pas, j’attends déjà d’avoir des contacts pour savoir si quelque chose est possible. Après, c’est le projet sportif qui peut m’intéresser ou non, ce n’est pas une question de Ligue 1 ou Ligue 2. Et pourquoi pas même rentrer dans l’encadrement de clubs ou quelque chose comme ça.
FM : Et seriez-vous intéressé par un challenge à l’étranger ?
JR : Pas spécialement. Ce que j’attends, c’est pourquoi pas une proposition par rapport à une reconversion, c’est à dire un challenge qui peut m’intéresser en me proposant d’être joueur encore et de commencer à mettre un pied à l’étrier pour ma reconversion.
FM : Commencez-vous donc à envisager clairement l’après-carrière de footballeur ?
JR : Non, pas pour l’instant. C’est encore tout neuf, j’essaye déjà dans un premier temps de retrouver une bonne condition physique. Je verrai ensuite.
FM : Après un an et demi sans jouer, avez-vous des fourmis dans les jambes à l’idée de retrouver le terrain ?
JR : Ah oui, c’est sûr ! Il y a un certain manque de la compétition, du football. Après, il faut aussi se faire une raison. J’ai 34 ans, j’ai commencé le football assez jeune, ce n’est pas évident.
FM : Ces derniers mois ont-ils été difficiles moralement ?
JR : Oui, c’est difficile de couper du jour au lendemain. J’ai passé une année à Marseille sans vraiment jouer, j’ai donc eu un peu le temps de m’y faire. Mais face à la réalité, c’est assez compliqué.
FM : Nourrissez-vous des regrets sur cette aventure marseillaise, cette mise à l’écart ?
JR : Oui, ça a été compliqué. Après, Marseille c’est toujours compliqué. Ce qui avait été prévu pour moi avec l’ancienne présidence, était de me rapprocher doucement de l’extra-sportif pour entrer dans la cellule de recrutement. Mais ça n’a pas pu se faire sous la nouvelle présidence, ce n’est pas évident à vivre. Mais bon, on connait Marseille, on sait comment ça se passe. On s’attend toujours à des changements de décisions au dernier moment, c’est le cas. Si je ne suis pas à Marseille, j’irai ailleurs.
FM : Aviez-vous eu des discussions avec Didier Deschamps au moment de votre mise à l’écart ?
JR : Non, pas spécialement. Il avait de nouvelles recrues en tête, des joueurs plus jeunes que moi. Il avait aussi des objectifs particuliers. À partir de ce moment là, tout était clair. Quand on fait venir des joueurs qui jouent au même poste que toi, tu te fais une raison, et tu sais que ça va être compliqué pour toi.
FM : Vous le disiez, c’est toujours compliqué à Marseille. Comment l’expliquez-vous ?
JR : C’est le club qui veut ça, ça se passe comme ça depuis des années, ce n’est pas maintenant que ça va changer. Le club, que ça aille très bien ou très mal, il faut que ça parle de lui. Le club est maintenant en difficulté, et je pense que tous les supporters attendent des jours meilleurs, mais c’est la vie du club. C’est un club très médiatisé, avec énormément de public, ça demande toujours des grosses vagues.
FM : Vous parliez tout à l’heure de la possibilité d’intégrer la cellule de recrutement. Les discussions à ce sujet sont-elles désormais totalement rompues ?
JR : Oui, depuis qu’il y a eu le changement de présidence, ça a été assez radical pour moi. Certaines paroles avaient été faites avec l’ancien président. À partir du moment où le président change, tout est remis à zéro. Les gens prennent d’autres décisions, ont besoin d’autres personnes au club. Il faut donc se faire une raison.
FM : Quel regard portez-vous sur la saison qui s’est écoulée pour l’OM ?
JR : C’est difficile quand il y a des recrutements au dernier moment, quand on fait partir des joueurs. Il y a trop de changements dans ce club, comme dans tous les clubs français, pour avoir une certaine stabilité. Il ne faut pas s’étonner si le club n’a pas de résultats. Cette saison, il n’y a pas trop de mouvements car le club ne peut pas recruter, je pense donc que ça peut être une bonne chose si l’équipe reste comme ça et qu’elle travaille une ou deux saisons comme ça. C’est sûr que si on change cinq à six joueurs chaque saison, ça en devient impossible. Si on compare aux grands clubs comme Manchester, le Milan AC ou Barcelone, ces clubs là gardent leurs joueurs, les automatismes se créent, et c’est comme ça qu’on a des résultats. À Marseille et en France, tant qu’il n’y aura pas stabilité, il n’y aura pas de résultats.
FM : Le départ de Didier Deschamps vous a-t-il surpris ?
JR : Le connaissant, je savais qu’à partir du moment où il n’avait pas les moyens financiers nécessaires pour le recrutement... C’est quelqu’un qui aime avoir de grosses responsabilités pour le recrutement. Et si ça ne se fait pas, il s’en va. C’est ce qui s’est passé notamment à Monaco quand il est parti. Il est venu, il a gagné. Si on ne lui donne plus la possibilité de gagner, il préfère s’en aller. Je le savais déjà. Après, il était sous contrat, le club n’avait donc pas forcément envie de le laisser partir. Mais finalement, l’opportunité pour lui de prendre l’équipe de France, l’opportunité pour le club de diminuer un gros salaire, ça s’est donc fait.
FM : Et que pensez-vous de l’AS Monaco qui, au contraire de l’OM, dispose désormais de certains moyens et pourrait à l’avenir faire de grandes choses ?
JR : Des moyens conséquents oui. Après, si on regarde la saison dernière, ils auraient à un moment donné pu descendre en National. Recruter trop de joueurs, sans avoir d’automatismes, c’est vraiment compliqué. Les clubs français doivent vraiment réfléchir là-dessus, avoir une certaine stabilité aussi au niveau de l’entraîneur.
FM : Enfin, un dernier mot sur Nicolas N’Koulou. Vous qui êtes défenseur central comme lui, que pensez-vous de ses prestations ?
JR : Ils ne se sont pas trompés sur son recrutement. C’est l’un des joueurs à avoir la plus grande valeur marchande. Après, la question c’est de savoir maintenant ce qu’ils veulent faire avec lui. Veulent-ils le faire plus grandir et lui donner les clés de la défense marseillaise ? Ou cherchent-ils l’aspect financier en essayant de le vendre ? C’est compliqué. Tout le monde reconnaît en tout cas sa grosse saison, à lui de confirmer. Il a les qualités pour.
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