[Olympique Lyonnais] Le topic des Gones

Soixante-huitième minute du match Lyon-Bordeaux, dimanche dernier. Près de la ligne de touche, à quelques mètres du banc lyonnais, le Girondin Wendel cherche à déborder la défense rhodanienne. Anthony Réveillère surgit, jambe tendue. Le tacle agressif envoie le Brésilien dans le décor. Wendel, cheville en désordre, devra être évacué sur une civière et quittera Gerland en marchant avec des béquilles. Prix du tacle : un avertissement que M. Bré adressera au défenseur lyonnais, après avoir constaté que le Bordelais ne se relèverait pas tout seul. Depuis, l’image du tacle est passée en boucle sur de nombreuses chaînes télé, alimentant les conversations. Réveillère méritait-il le carton rouge ? A-t-il eu conscience qu’il était parti pour faire mal ?

– Avez-vous eu des nouvelles de Wendel depuis dimanche soir ?
– Oui. Je l’ai eu au téléphone le lendemain du match (avant-hier). Pour calmer le jeu. Et pour m’excuser. J’ai commencé par demander à Cris si Wendel parlait français. Je l’ai alors appelé pour m’excuser d’abord auprès de lui. Ensuite pour prendre de ses nouvelles. Il m’a soulagé en me disant qu’il ne souffrait finalement d’aucune fracture, mais d’une grosse entorse, ce qui me permet d’avoir la conscience plus tranquille. En tout cas, la conversation entre nous s’est vraiment bien déroulée. Wendel s’est montré à la fois gentil et compréhensif, m’assurant qu’il n’y avait pas de problème entre nous. Je lui souhaite maintenant de revenir rapidement sur le terrain, ce que je lui ai déjà dit lundi.

– Avez-vous revu les images de ce tacle ?
– Oui. Je reconnais qu’elles sont impressionnantes. Mais on voit aussi clairement, comme Olivier Rouyer l’a par exemple souligné, que je suis certes parti pour ce tacle avec beaucoup d’élan, mais que je n’avais évidemment ni l’envie ni l’intention de faire mal à Wendel. Ce Lyon-Bordeaux était très engagé depuis le début. Ce tacle n’avait pour objectif que de couper l’attaque adverse. D’ailleurs, quand je me suis aperçu de la vitesse avec laquelle j’arrivais sur la cheville de Wendel, j’ai replié la jambe pour diminuer la force de l’impact. Les images sont là pour confirmer ce que je vous dis. Si je n’avais pas replié la jambe, alors oui, j’aurais pu lui casser la jambe ou la cheville. Mais moi, je ne suis ni un assassin ni un casseur de jambes. Heureusement, j’ai eu le bon réflexe pour limiter la casse. Alors quand j’entends parler d’assassinat, je trouve que c’est un bien grand mot.

« Rien à voir avec le cas Eduardo »

– Comprenez-vous ceux qui estiment que vous auriez dû être sanctionné d’un carton rouge ?
– Je ne sais pas. L’arbitre a pris sa décision, voilà. De toute façon, il n’y a pas eu mort d’homme. Wendel est blessé, mais pas très gravement. Rien à voir avec le cas Eduardo par exemple, même si Wendel m’a dit avoir eu très peur en se souvenant justement des images du tacle dont a été victime Eduardo en Angleterre. Je rappelle que j’ai joué le ballon, pas le bonhomme. Maintenant, je sais qu’il y a pas mal de gens qui auraient bien aimé que je prenne le rouge. Ne serait-ce que parce qu’il restait plus de vingt minutes à jouer. En finissant à dix, avec un seul but d’avance, Lyon aurait été naturellement plus à la merci d’une égalisation qui aurait animé les débats.

– Lyon a-t-il fait un grand pas vers son septième titre consécutif après cette victoire sur les Girondins (4-2) ?
– Le plus important, c’était de prendre les trois points. On a donc fait le boulot. Si, à la fin du match, notre joie était contenue, c’est parce qu’il n’y a toujours rien de fait, même si on compte six points d’avance sur Bordeaux à dix journées de la fin. Sur les dix matches qu’il nous reste à jouer, nous nous déplaçons six fois. Or, depuis plusieurs semaines, on a du mal à gagner à l’extérieur. On en saura peut-être un peu plus à la fin du mois. D’ici là, on ne jouera qu’une fois à Gerland (contre le PSG), pour trois déplacements à Monaco, à Valenciennes et à Marseille. À nous d’être sérieux, rigoureux et efficaces à l’extérieur pour être assurés d’un nouveau titre le plus rapidement possible. Mais il ne faut pas écarter l’hypothèse que cela se joue lors de la dernière journée.

– En voyant la façon dont vous avez abordé le match contre Bordeaux, cela ne vous donne-t-il pas des regrets de n’avoir pas suffisamment osé contre Manchester ?
– Il y a la place pour certains regrets en effet. Mais la Ligue des champions est derrière nous désormais. On reste engagés dans deux compétitions (Coupe de France et Championnat). L’objectif, c’est d’abord le Championnat et le septième titre d’affilée. Mais ce serait sympa de réussir le doublé que le club attend toujours.