[Pro] 22.Samir Nasri

« Le meilleur OM depuis 2004 »

SAMIR NASRI raconte le renouveau de l’OM, qui est aussi le sien. Il évoque encore le match contre Paris-SG, les Bleus et son avenir.

Passeur sur le premier but contre le Spartak Moscou (3-0), impliqué dans le deuxième, Samir Nasri a confirmé sa montée en puissance, qui coïncide avec celle de Marseille. Hier après-midi, à la Commanderie, le meneur de jeu de l’OM nous a décrit de l’intérieur les raisons de l’embellie actuelle de son équipe. Il est également revenu sur son positionnement tactique et son rôle, sur ce qui attend Marseille contre le Paris-SG, sur son envie de jouer l’Euro et sur son avenir, la saison prochaine.

CIEL BLEU SUR MARSEILLE

« Cette victoire contre le Spartak Moscou a illustré nos progrès. On a eu d’abord pas mal de difficultés parce que c’est une équipe solide, avec une très bonne culture tactique, qui a su tout de suite imprimer son pressing. Nous, on a du mal à développer notre jeu parce que la pelouse est un champ de patates. De ce fait, c’était dur pour nos défenseurs de relancer proprement. Nous sommes tout de même parvenus à assurer nos passes, à trouver le liant entre le milieu et l’attaque et c’est devenu plus facile. Le Spartak Moscou dispose de joueurs de grand gabarit. Avec nos qualités de vitesse et de vivacité, nous sommes parvenus à les mettre en difficulté.
Le 4-4-2 en losange est le meilleur système pour nous, mais cela dépend aussi de l’adversaire. En seconde période, contre le Spartak, on est repassés en 4-2-3-1 car on dispose des qualités individuelles pour être là aussi efficaces. C’est un atout pour nous de pouvoir changer à tout moment de système. Mais, dans l’ensemble, le 4-4-2 nous convient mieux. Par exemple, Mamadou (Niang) et Djibril (Cissé) sont plus à l’aise dans l’axe. Ma relation technique avec Valbuena est bonne. Même si, parfois, il y a du déchet dans son jeu, Mathieu (Valbuena) ne rechigne pas devant les efforts, va partout, essaye toujours de se rendre disponible.
Dans le secteur offensif, on a carte blanche, donc on tente beaucoup. Depuis que je joue en pros, en 2004, c’est pour moi le meilleur OM, avec le jeu le plus complet. Parce que la culture tactique est bonne, de même que l’amalgame entre les générations. La saison dernière, dans le sprint final, le jeu aussi était à louer, mais nous n’avions pas l’emprise qui est la nôtre actuellement, on jouait plus par àcoups. Quand on parle entre nous, les joueurs, de la fin de saison, on se dit que l’on veut gagner la Coupe de France, parce qu’on l’a perdue deux fois de suite. Évidemment, on veut aussi la qualification en Ligue des champions et aller loin en Coupe de l’UEFA, parce que cela nous semble possible. L’ambition naturelle d’un joueur de foot, c’est de tout gagner. »

LE RETOUR DU PATRON

« Aujourd’hui, je me sens très bien depuis trois ou quatre matches. Mes ennuis de santé et de blessures sont derrière moi. Au départ de la saison, on jouait en 4-2-3-1 et on me demandait de me positionner très haut, presque en deuxième attaquant. Ce n’est pas là que je suis le meilleur, parce que j’ai besoin de toucher le ballon pour être en confiance et de faire jouer les autres. Là, je touchais rarement le ballon ; spontanément je décrochais, donc j’isolais l’attaquant de pointe, il y avait un juste milieu à trouver qui n’était pas évident. Éric Gerets m’a dit que j’étais plus un meneur de jeu qu’un attaquant. Il m’a demandé d’aller devant le but et, depuis Nancy (1-1),on récolte les fruits de ce réaménagement tactique. Dans ma position de meneur de jeu, je m’efforce d’être près des attaquants et je me dois d’être décisif, parce que tout le monde me fait confiance. Quand on a fait la différence à la marque, je demande à l’équipe de ne pas se précipiter, de faire tourner parce que, parfois, on est une équipe trop joueuse. À 2-0 ou 3-0 pour nous, il faut alors fatiguer l’adversaire, le faire sortir pour profiter des espaces dans son dos. J’estime que c’est mon rôle. Le football, ça se joue aussi avec la tête. »

PARIS EST PRÉVENU…

« C’est une équipe très performante à l’extérieur, mais si nous continuons sur la même dynamique, en mettant de la vitesse dans le jeu, en passant sur les côtés, on peut leur poser pas mal de problèmes. L’année dernière, on nous donnait favoris après notre démonstration au Parc des Princes (3-1) et Paris était venu faire match nul au Stade-vélodrome. Là, en face, il y a sur le banc Paul Le Guen, qui sait poser des problèmes tactiquement à l’adversaire, des joueurs qui voudront avoir un sursaut d’orgueil : ce sera difficile.
Mais, dans le jeu d’aujourd’hui, celui qui remporte la bataille du milieu de terrain gagne le match et nous sommes bien armés dans ce secteur. Benoît (Cheyrou) monte en puissance, Lorik (Cana) est très bon, en défense centrale, il est super bon ! Charles Kaboré a fait une entrée super contre le Spartak Moscou, il va y avoir le retour de Karim (Ziani), donc nous sommes très bien dotés. »

OBJECTIF EURO

« Raymond Domenech m’a toujours démontré qu’il était derrière moi. Dans mes moments difficiles, il m’a sélectionné alors que je ne m’y attendais pas. À moi d’être performant dans les trois prochains mois afin d’aller à l’Euro, parce que cela me fera aussi franchir un palier. L’Euro est plus relevé que la Coupe du monde, particulièrement pour l’équipe de France, cette fois. J’ai vraiment envie de jouer cette compétition et d’apporter, avec d’autres joueurs de ma génération, comme Karim Benzema et Atem Ben Arfa, ce que Raymond Domenech attend de nous. »

POURQUOI NE PAS RESTER ?

« Ce serait un plaisir de rester à Marseille. Je n’ai pas de nouvelles du club en ce qui concerne un éventuel renouvellement de mon contrat. Le temps presse, mais je n’y peux rien. Mon agent et moi, on est ouverts à toute proposition. Rester à Marseille si on est en Ligue des champions, avec une équipe plus compétitive, c’est un challenge qui peut me plaire. Il ne faut rien exclure. La priorité pour moi, c’est que l’OM finisse bien la saison en se qualifiant pour la Ligue des champions, on verra après. »