[Rennes] Le topic des Voleurs

Wiltord dans l’impasse

Revenu à Rennes pour retrouver les Bleus, l’attaquant international n’est même plus titulaire dans son club.

Ce n'est jamais bon signe de porter une chasuble au Stade Rennais. Comme Didot, Cheyrou (*), Moreira ou Sorlin, Sylvain Wiltord a été prié, hier après-midi, d’enfiler un dossard blanc pour donner la réplique à ceux qui affronteront Lorient, demain. La considération que Guy Lacombe porte à Thomert, actuellement blessé, et le retour de Leroy sur le côté droit semblent même compliquer un peu plus la tâche de « Nino ».
C’est du banc que le champion d’Europe 2000 avait assisté à la défaite contre Lille (1-3), le week-end dernier, Guy Lacombe ayant préféré aligner Marveaux. Depuis son intronisation, le 18 décembre dernier, l’entraîneur rennais avait fait commencer tous les matches à Wiltord, mais sur un côté et jamais dans l’axe. Comme avec Dréossi, il a alterné l’insipide et les coups d’éclat, comme face à Marseille (3-1), le 13 janvier, où il a signé un doublé décisif. Depuis, il pointe aux abonnés absents.
La déception qui escorte son bilan rennais est à la hauteur de l’enthousiasme que son retour avait généré. Il a connu son pic de forme en octobre, enchaînant les buts (3) et les performances de premier plan. L’élongation au mollet qu’il a contractée à Lens (2-1, le 28 octobre) l’a éloigné des terrains un mois. Quand il revient, la machine à gagner rennaise est enrayée.

Se comporter en leader... un rôle contre nature

Frédéric de Saint-Sernin, le président, qui s’est battu tout le mois d’août pour rapatrier Wiltord dans son club formateur, trouve des circonstances atténuantes à son protégé, excellent, c’est vrai, lors de tous les grands matches, et à qui il a même accordé une prime spéciale s’il terminait meilleur buteur : « Sylvain est l’objet de beaucoup de critiques. On oublie un peu vite son début de saison. Il est revenu dans une équipe qui doutait. »
N’était-ce pas à lui de sortir Rennes de la nasse ? Peu après son arrivée, Lacombe a demandé à Wiltord, comme à d’autres cadres, de se comporter en leader, sur et en dehors du terrain. S’il s’était très vite senti à l’aise avec les plus jeunes, notamment Jimmy Briand, l’attaquant n’a jamais voulu jouer un rôle contre nature. « Ce n’est pas quelqu’un qui prend la parole, qui anime un groupe. C’est une personnalité qui a valeur d’exemple, estime Saint-Sernin. La semaine passée, je lui ai dit : “ Tu sais ce que tu représentes ici. Tu ne dois pas, tu ne peux pas lâcher. Pour toi, pour l’équipe et pour tous les jeunes pour qui tu es un modèle. ” »
La liste des 36 Bleus communiquée par Raymond Domenech le 31 janvier, dans laquelle il ne figurait pas n’avait évidemment rien arrangé. « C’est difficile pour lui », confirme Lacombe. « Quand il a signé chez nous, c’était avec l’espoir fondé d’être sélectionné, confirme Saint-Sernin. On en a parlé la semaine dernière. Cet automne, après son très bon début de saison, tous les espoirs étaient permis. Les choses sont beaucoup plus compliquées. Il a pris un coup au moral en n’étant pas dans ce groupe. Mais je suis certain que rien n’est figé. Il y a encore trois mois. Domenech est assez lucide pour sélectionner les meilleurs le moment venu. »
En fin politique qu’il a été, le patron du Stade Rennais sait bien que déclarer le contraire reviendrait à plomber définitivement son attaquant de trente-trois ans, au moment où son équipe, qui se bat pour rester en L 1, n’a surtout pas besoin de traîner sa star comme un boulet, comme ce fut le cas de Nantes avec Barthez la saison passée. En réalité, Wiltord, qui n’a plus porté le maillot bleu depuis la venue de la Grèce au Stade de France (1-0), le 15 novembre 2006, n’a plus qu’une chance infime de connaître une 93e sélection. « Il connaît une période difficile, ce n’est pas une machine, c’est un homme. (...) Mais les grands joueurs s’en relèvent toujours », veut croire Lacombe. « Avec son ancien club, Nino était performant quand il rentrait », rappelle l’entraîneur rennais. Joker dans une équipe qui se bat pour le maintien : voilà un statut qui ne devrait pas manquer de ravir Wiltord…

Pouplin, le coup de barre

Titulaire depuis un an et demi, le jeune gardien rennais a perdu sa place pour la première fois de sa carrière.

C’est du banc, samedi, que Simon Pouplin a vu Rennes s’offrir une bouffée d’oxygène face à Lorient (2-0). Moins spectaculaire que celles de Wiltord, de Didot ou de Bruno Cheyrou, son absence constitue quand même un événement. Jamais son statut de titulaire n’avait souffert du moindre accroc.
Comme beaucoup de jeunes gardiens, Pouplin a profité de la blessure du numéro 1, Andreas Isaksson, pour faire ses débuts en L 1, en octobre 2005. Il avait alors vingt ans. Auteur d’un intérim réussi, l’international Espoirs (1 sélection) a participé, en tant que troisième gardien, à l’Euro de sa catégorie, en mai 2006, et a été promu n°1, dans son club, après le départ à Manchester City du Suédois, trois mois plus tard. Sans aller jusqu’à faire oublier l’immense Petr Cech, Pouplin, qui a disputé les 38 matches du dernier exercice, a largement favorisé l’hermétisme de la deuxième défense du Championnat, même si sa responsabilité directe fut engagée sur 5 ou 6 des 30 buts.
Logiquement, Pierre Dréossi, qui avait prolongé son contrat jusqu’en 2010, lui a maintenu sa confiance l’été dernier, en ne se mettant en chasse que d’une nouvelle doublure, Patrice Luzi, et d’un numéro 3 expérimenté, Fabrice Catherine, pour combler les départs de Revault au Havre (L 2) et le prêt de Cheikh Ndiaye à Créteil (N).

Luzi titulaire

Mais cette saison est plus délicate que prévu pour Pouplin. Blessé à une cuisse puis à une hanche, fin août, il a passé deux mois et demi à l’infirmerie. À son retour, Christophe Lollichon, son mentor, faisait ses valises pour Chelsea. S’il n’a pas le talent d’un Mandanda ou d’un Lloris, Pouplin a toujours compensé en bossant avec acharnement. Sa complicité avec Lollichon et la charge de travail que ce dernier lui imposait ont largement contribué à son éclosion au plus haut niveau.
Entamée au coeur d’une déprimante série de défaites, sa collaboration avec André Amitrano, le successeur de Lollichon, a fait débat en interne. Guy Lacombe y a rapidement coupé court. Pouplin ne veut pas évoquer cet épisode. Sauf pour rappeler qu’il n’est pas à l’origine des fuites et certifier que c’est une histoire ancienne qui n’explique pas, de toute façon, son remplacement. « Ce sont deux problèmes complètement différents, assure-t-il. Si je n’ai pas joué, ce n’est pas parce que je ne m’entendrais pas avec André. C’est faux. Des solutions ont été trouvées. Le groupe des gardiens bosse bien et fait du bon boulot. Samedi, le coach a fait un choix dont je n’ai pas envie de débattre. »
Tributaire d’une défense moins rigoureuse, Pouplin a pris 23 buts en 17 matches de L 1, cette saison. Contre Auxerre (1-2), il y a quinze jours, ses arrêts, en fin de rencontre, avaient permis de retarder l’échéance.
La semaine suivante à Lille (1-3), il fut loin d’être blanc, en revanche, notamment sur le coup franc de Bastos. Ce n’est pas seulement cette bourde qui lui a coûté sa place. « Depuis trois ou quatre matches, j’ai ressenti un gardien qui manquait de confiance, confirme Guy Lacombe, qui lui avait expliqué son choix, trois jours plus tôt. C’est une situation du moment. Le manque de confiance en football, ça se ressent aussi à travers les autres. C’est sûrement passager et c’est peut-être dû aux événements de l’équipe. “Luz’” dégage plus d’assurance mais il n’y a rien d’établi. Ce sont des situations difficiles. Je respecte énormément Simon, qui est un gamin honnête et a un beau potentiel. Quand je l’ai vu, il m’a dit qu’il n’était pas au mieux actuellement. »
La prestation convaincante de Luzi, samedi, a donné raison à l’entraîneur rennais. Le portier corse devrait à nouveau être numéro un samedi, à Sochaux. À vingt-sept ans, il tient peut-être une occasion unique de s’imposer en Ligue 1. Lacombe le certifie, dire que Rennes cherche un nouveau gardien pour la saison prochaine est « farfelu » : « Ce n’est pas d’actualité. On fera l’analyse de la saison le moment venu. »

Article France Football

Pas mal le jeu de mot. Sinon c'est vrai que cette année, Briand n'a rien foutu. Et pour eux Carrasso est un gardien bis.