[AJ Auxerre] Le Topic à l'Auxerrois

Niculae, valeur ajoutée

L’attaquant international roumain d’Auxerre (dix buts cette saison) a su s’imposer par son travail et ses qualités humaines.

Non, vous ne rêvez pas. Le jeune homme accoudé à la main courante qui regarde les gamins de l’école de football est bien Daniel Niculae. Le stade de l’Abbé-Deschamps est sa seconde maison, « ma première », en sourit-il... Depuis son arrivée à Auxerre, à l’été 2006, l’attaquant roumain ne se contente pas de fréquenter le terrain d’honneur. Il aime flâner autour des pelouses environnantes afin d’observer le travail des éducateurs du club et « prendre des notes dans ma tête ».
S’il rappelle que l’AJA possède « l’un des meilleurs centres de formation en France », c’est son intérêt pour les jeunes footballeurs qui le motive ainsi, imaginant déjà sa reconversion, rêvant qu’une future « star » soit fière de le présenter un jour comme l’homme qui l’a policé... Mais, à vingt-cinq ans seulement, Niculae songe d’abord au présent. Un présent qui a tellement changé depuis ses débuts bourguignons empruntés ! Il s’en défend timidement : « Je suis toujours le même... C’est simplement plus difficile quand tu quittes ton pays pour la première fois. Mais j’ai été très bien accepté. » Il a aussi tout fait pour s’intégrer au mieux, en s’attachant notamment à parler le français rapidement. « C’est aussi plus facile, parce que, comme le roumain, c’est une langue latine, relativise-t-il. J’ai aussi pris quelques heures de cours avec mon compatriote Gabriel Tamas, arrivé en début de saison. »

Fernandez : « Un comportement exemplaire »

Et, sportivement, alors que la concurrence ne peut lui offrir une place de titulaire malgré ses efforts sur tout le front de l’attaque, il s’est énormément investi, multipliant les séances individuelles devant le but. Car, même en Roumanie, il n’avait jamais été un joueur très efficace (32 réalisations en 112 matches de Championnat). Sa moyenne était encore plus faible pour ses débuts à l’AJA (4 buts en 30 rencontres).
Mais Daniel Niculae ne s’est jamais découragé. Il y a huit jours, face à Toulouse (1-0), il avait marqué pour la 9e fois en 22 sorties, permettant à Auxerre (13e) de se donner un peu d’air dans la course au maintien. Ce week-end à Nice (2-1), il a remis les siens à flot, alors qu’ils étaient menés, avant que Chafni ne marque le but de la victoire. « En jouant plus régulièrement et en étant en confiance, j’ai progressé », admet le Roumain, désormais à la hauteur d’un Elmander au classement des buteurs. Son entraîneur, qui salue son « comportement exemplaire », confirme. « On sentait de la qualité, mais il n’était pas constant, analyse Jean Fernandez. Jelen blessé et Maoulida ne s’étant pas adapté, il a su saisir sa chance. Il entre contre Nice (au match aller, 2-0, 8e journée), il marque, puis il inscrit un doublé contre Marseille (2-0, 9e). Avoir la confiance de l’entraîneur est encore plus important pour un attaquant. Il a pris une nouvelle dimension dans le groupe. »
Envisagé l’été dernier, son prêt a donc fait long feu. S’il ne s’est fixé ni « un nombre de buts » ni « un plan de carrière », se cachant derrière le collectif, il ne peut s’empêcher, en revanche, de songer au prochain Euro. Très fier d’avoir été élevé à l’école du Rapid Bucarest, avec qui il fut champion de Roumanie (2003) et vainqueur de la Coupe nationale (2002, 2006), il a été international 22 fois (4 buts). Régulièrement appelé par Victor Piturca, il lui reste à gagner un statut de titulaire. « J’espère déjà faire partie du groupe, se délecte-t-il en observant ses futurs adversaires : Italie, Pays-Bas et... France. Ce sera le premier match, le plus important. Il y aura une motivation supplémentaire. Mais, pour nous, il s’agira de trois finales. Je suis persuadé que nous sommes capables de faire de bonnes choses. » En attendant, Daniel Niculae continuera à se ressourcer auprès des enfants de l’Abbé-Deschamps... dont il est devenu le chouchou les soirs de match. Juste retour des choses.

Auxerre diminué mais confiant


Malgré la courte distance entre Auxerre et Paris, les Bourguignons ont pris la direction de leur hôtel parisien en milieu d'après-midi, lundi, juste après leur séance d'entraînement. Déjà privé d'Olivier Sorin (coude) et de Thomas Kahlenberg (genou), qui restera aux soins une bonne partie de la semaine, Jean Fernandez va devoir se débrouiller sans deux de ses défenseurs. Gabriel Tamas, qui a reçu un carton rouge samedi soir à Nice (2-1) et Marcos Antonio, expulsé dimanche en CFA face à Montceau, purgeront leur match de suspension mardi, pour la demi-finale de Coupe de la Ligue au Parc des Princes. Du coup, l'entraîneur bourguignon, qui a rappelé Baptiste Martin pourrait titulariser le Macédonien Robert Popov ou plus sûrement décaler le gaucher Jean-Pascal Mignot sur le côte droit de la défense.
En attendant de prendre une décision définitive, Fernandez savoure le renouveau de son équipe. «On va nettement mieux. L'équipe a gagné en confiance. Cela se voit dans la façon dont elle gère les matches.»
Fidèle à ses bons vieux principes, Jean Fernandez rechigne à mettre en avant la forme éclatante de Kamel Chafni et de Daniel Niculae, encore décisifs le week-end dernier sur la Côte d'Azur. «C'est un travail collectif qui paye. Mais il est vrai que ces deux joueurs sont eux-aussi en forme.»

Auxerre, qui respire mieux en championnat, est tourné à 100% vers le match de mardi soir. «Il y a un peu moins d'un mois, je vous aurais dit que la Coupe de la Ligue n'était pas mon objectif. Le championnat reste ma préoccupation, mais notre situation un peu plus confortable au classement, sans que le maintien soit définitivement acquis, nous autorise à nous concentrer pleinement sur la rencontre face au PSG.»

Lequipe.fr