Copropriété : vers une révolution française
Pour rester compétitifs sur le marché des transferts en temps de crise, les clubs français pensent à mettre en place un système actuellement interdit dans l’Hexagone : s’associer à des entreprises privées pour l’achat de joueurs.
Comment lutter sur le front des transferts dans un contexte de morosité économique ? Hormis au PSG et à Monaco, qui bénéficient de mannes financières colossales venues de leurs propriétaires qatari et russe, la question taraude beaucoup de présidents français. Au point d’envisager de briser un tabou en instaurant la copropriété des joueurs. Un système permettant aux clubs de s’associer à une entreprise pour partager l'achat d'un joueur afin de réduite les coûts. Selon nos informations, le sujet sera sur la table d’une réunion organisée ce jeudi à l’l'Union des clubs professionnels (UCPF) et le lendemain lors d’une rencontre entre la Fédération française de football et l’UASF, le principal syndicat d'agents de joueurs.
« Evidemment que toute forme de financement des investissements, qu’ils soient corporels comme les stades ou incorporels comme les joueurs, est importante. Et les tierces parties apportent une solution », ne cache pas le président lyonnais Jean-Michel Aulas, tout de même conscient des problèmes posés par une telle pratique. « S’il y a confusion dans la propriété des tierces parties, avec les gens qui managent la gestion des joueurs, il peut y avoir à redire. En un mot, je suis pour le financement par des tierces parties sous réserve qu’on connaisse exactement le propriétaire des fonds qui finance l’acquisition des joueurs. Je milite surtout pour que la FIFA légifère fermement sur cette question et que la règle soit valable pour tout le monde. On ne peut pas avoir une règle dans un pays et une autre dans un autre pays, car on est dans une même compétition. »
Des résistances de poids
A la tête d’un OL au régime sec depuis deux ans, « JMA » fait notamment allusion à l’Espagne et au Portugal, où cette pratique est monnaie courante. Elle concerne même un international français, Eliaquim Mangala, dont un tiers des droits ont été cédés par le FC Porto à la société Doyen Sports Investments Limited et 10% à Robi Plus. Comme le jeune défenseur central (22 ans), une centaine de joueurs seraient ainsi détenus par des fonds d'investissement en Europe. C’était le cas de la star colombienne Radamel Falcao et d’un autre international tricolore, Geoffrey Kondogbia, avant leur arrivée cet été à Monaco. Mais l’ASM a dû acquérir l’intégralité de leurs droits pour leur permettre d’évoluer en Ligue 1, la multipropriété étant interdite en France. Et les instances dirigeantes ne sont pas du tout emballées à l’idée que ça change.
Le président de la FFF, Noël Le Graët, n’est ainsi « pas favorable car c’est le club le vrai propriétaire d’un contrat ». La ministre des Sports voit également cette sorte de vente à la découpe d'êtres humains d’un mauvais œil. « On ne sait plus parfois à qui appartiennent les joueurs. Est-ce qu’il appartient au club, à une société filiale, voire parfois à une personne ? L’ensemble de ces dérives autour des transferts et des intermédiaires, tout le monde l’a bien en tête », estime Valérie Fourneyron. Quant au président de l’UEFA, Michel Platini, il souhaite éradiquer cette pratique. Autant de résistances qui n’offrent qu’une fenêtre de tir très réduite aux partisans de la révolution.
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