« Ecœuré et toujours choqué »
Lens - PSG, un match sous haute tension et sous haute surveillance. Aux abords du stade Bollaert, les policiers n’ont pas toujours pratiqué le tri sélectif…
Supporter occasionnel du PSG, Cédric Montuire, fonctionnaire hospitalier dans le civil, a vécu un calvaire samedi, puisqu’au lieu d’assister au match à Lens avec son cousin nordiste, il a passé trois heures au commissariat.
Il souhaitait assister à Lens - PSG comptant pour la vingt-septième journée de Ligue 1, samedi. Il a perdu son temps en cellule et au commissariat. Inconnu de la police, Cédric Montuire, qui n’est ni abonné au Paris Saint-Germain, ni encarté dans l’une des deux tribunes honnies (Auteuil ou Boulogne), redoute aujourd’hui les conséquences de sa soirée de cauchemar et témoigne donc à découvert de ce qui devait être son premier match de l’année dans un stade !
« Je n’ai jamais été mêlé à aucune histoire. Comme je suis fonctionnaire, on a même vérifié que mon casier judiciaire était vierge. J’ai peur car je ne sais pas les conséquences que cela peut avoir. S’il m’arrive quoi que ce soit, je peux perdre mon travail et ma vie est foutue », tremble ce technicien de recherche à l’Institut Cochin.
Samedi, il devait se rendre avec son beau-frère, supporter bordelais, à Lens pour y assister à la rencontre dans la tribune sang et or en compagnie de son cousin, qui réside à Liévin, et avait acheté les billets depuis longtemps.
L’arrêté préfectoral du 5 mars stipulant que « le stationnement et la circulation sur la voie publique de personnes se prévalant de supporter le PSG ou connues » comme tel étant « interdits », Cédric Montuire n’arborait donc aucune couleur. « On n’avait aucun signe distinctif, pas de maillot, d’écharpe ou de fanion. On ne voulait pas provoquer, on est resté exemplaire et il n’y a eu aucune insulte. Au contraire, on avait même le maillot de Lens dans la voiture. Le seul truc qu’on me reprochait, c’était de venir de la région parisienne », raconte cet habitant de Cachan trahi par sa plaque d’immatriculation.
« Retournez dans vos kebabs ! »
Comment pourtant affirmer que cet anonyme parmi les anonymes supportait le PSG et non un autre club ? « Les barrages s’étaient bien passés mais au cinquième, le policier nous a dit : les Parisiens n’ont rien à faire ici, retournez dans vos kebabs à Paris ! Et il nous a emmenés dans le fourgon, soi-disant pour un autre contrôle d’identité. Une fois dedans, le camion est parti puis on nous a placés en cellule après nous avoir dit qu’on avait enfreint deux décrets », poursuit-il en précisant que la police, qui a gardé les billets, n’a pas été en mesure de les lui fournir quand il a demandé à les voir.
Au commissariat central de Lens traînent pêle-mêle plusieurs dizaines de personnes, parmi lesquelles effectivement certains "hooligans" interpellés avec des battes de base-ball, mais aussi des supporters… lensois venus de la région parisienne ou encore de Dunkerque !
Menotté quelques secondes pour un simple transfert entre le fourgon et la cellule, Cédric Montuire est également empêché de boire. « C’est de la discrimination qui rappelle le temps où des catégories de citoyens ne pouvaient pas entrer dans les lieux publics », continue-t-il, « écœuré et toujours choqué » après « deux nuits sans dormir ».
Emmenés vers 18 h, les supporters, malgré l’intervention de leur famille venue de Liévin parlementer en vain avec la police, sortent finalement après 21 h en ayant signé un PV et une fiche d’interpellation. « J’ai envoyé un mail à la sous-préfète et un au maire de Paris pour expliquer ma situation. Si ça continue, je serai obligé de prendre un avocat », conclut-il, pas sûr de se rendre au Parc le 10 avril pour voir contre Bordeaux son deuxième match de l’année.
Est Républicain