[Olympique Lyonnais] Le topic des Gones

Une équipe à repenser

Face à Manchester, l’OL a également payé un recrutement moins orienté vers la vitesse et la puissance.

Il y a un an, l’élimination de l’OL en huitièmes de finale de la Ligue des champions par l’AS Roma (0-0, 0-2) sanctionnait la déliquescence d’un jeu et d’un esprit. Manchester United (1-1, 0-1), c’est autre chose : le fait que l’équipe lyonnaise ait donné le maximum, mardi, à Old Trafford, décrit ses limites. Son élimination sanctionne, cette fois, son affaiblissement objectif, sous le double effet d’une politique de recrutement déficitaire et d’un management technique qui a rarement pu créer un élan unanime.
Alors que sa marge en Ligue 1 n’a jamais été aussi faible depuis quatre ans et que Bordeaux va venir contester un septième titre en suivant, dimanche, à Gerland, Lyon a déjà une équipe à repenser et à renforcer. La L 1 a certes participé à ce constat, en dessinant la faiblesse du champion en voyage, mais c’est bien la Ligue des champions qui révèle, saison après saison, la pertinence du recrutement et la valeur fondamentale de l’effectif.
Benzema est apparu, cette saison, comme l’avant-centre qui manquait à l’OL dans les années 2004-2006, mais son émergence est survenue au moment où Lyon a perdu ce qui le définissait dans sa meilleure période européenne, avec trois quarts de finale en suivant : un impact physique durable, de la vitesse dans toutes les zones, et de la qualité technique, bien sûr.

La vitesse, le coeur du haut niveau

Mais la qualité technique seule ne suffit pas pour exister en Ligue des champions. Mardi soir, à Manchester, le milieu de terrain, éternel baromètre de l’OL dans son 4-3-3 des cinq dernières saisons, a été étouffé par la vitesse et la puissance de Carrick, Fletcher et Anderson. Seul Toulalan a été capable de répondre au défi athlétique et technique, et de faire des différences. Mais la pression sur Juninho, comme à l’aller, a été trop intense pour que le Brésilien s’exprime. Et Källström, qui reste trop neutre, est dans le même cas. Du reste, c’est le manque de vitesse du Suédois qui a empêché l’OL de le décaler dans le couloir gauche, devant Grosso, à l’instant de considérer la liberté qu’il fallait accorder à Ben Arfa. C’est également ce déficit là qui empêche Bodmer d’être titulaire dans les matches de ce niveau, et qui fait penser pour lui à un avenir en défense centrale. Le constat vaut encore pour Fred, qui ne peut pas jouer, à ce niveau, dans une équipe dominée.
Au milieu, Lyon est nostalgique de son pouvoir africain (Essien, M. Diarra), il a perdu depuis un an des joueurs qui avaient un impact, mais ne s’étaient pas imposés (A. Diarra, Fabio Santos), et il a un recrutement à réussir l’été prochain, pour renverser la tendance et restaurer son impact.
Le club lyonnais a déjà fait signer Ederson, le Brésilien de Nice, pour préparer l’après-Juninho. Mais si ce dernier montre des limites dans les matches à élimination directe, en Ligue des champions, son bilan et son bel automne, à un moment où il était un des rares cadres présents, doivent modérer la remise en cause. Car Lyon a toujours besoin de Juninho, et l’OL est précisément une équipe qui a besoin que ses cadres reprennent la main, ensemble.
Si Lyon doit retrouver de la vitesse et de l’impact au milieu, il va devoir, aussi, chercher un arrière gauche. Concernant Fabio Grosso, présenté abusivement, samedi dernier, par Jean-Michel Aulas comme « le meilleur joueur de L 1, puisque c’est le seul champion du monde », l’affaire est claire : c’est une erreur de casting. L’OL a passé la saison à se préparer à la menace que l’adversaire décidait systématiquement de concentrer sur son côté. Ce n’est pas une vie. C’est un bon contre-attaquant, c’est vrai, mais son manque de vitesse l’empêche de bien finir ce qu’il a commencé, et ses statistiques offensives, en fin de saison, seront faméliques.
Des milieux de terrain et des latéraux – puisqu’il faut un arrière gauche et que l’on n’imagine pas Clerc et Réveillère repartir pour une troisième saison de concurrence directe –, c’est ce que l’OL doit viser pour redevenir une menace à l’échelle européenne. Car, cette saison, Lyon n’a jamais été autre chose qu’un challenger lointain.
Mais identifier les besoins ne sera qu’une partie du chemin : il faudra, cette fois, mieux réussir le recrutement, qui n’a jamais tiré l’OL vers le haut, cette saison. Mardi, à Old Trafford, un seul nouveau était dans l’équipe de départ, et c’était Grosso. Dire que les partants n’ont pas été remplacés prend, face à ce constat, tout son sens.
L’incertitude, enfin, entourant l’avenir d’Alain Perrin ne va probablement pas retarder ce chantier qui, à Lyon, on le sait, dépasse largement le domaine de l’entraîneur.