Mango : "Le secret, c’est le travail"
Le jeune Togolais de 20 ans a déjà surmonté pas mal d’embûches. Il en sort grandi
Sa chance, il veut la saisir. Enfin. Après avoir connu tant de galères, Senah Mango se sent prêt. Le gamin débarqué à Marseille du Togo à l’âge de 15 ans a bien grandi. "Oui, j’ai mûri", nous confirme le jeune homme aujourd’hui âgé de 20 ans, le regard empli de détermination. Dans un contexte économique morose, et en tenant compte d’un secteur défensif amoindri, il est conscient qu’il pourrait avoir son mot à dire cette saison." Le club a annoncé qu’il allait compter sur les jeunes, confirme-t-il. J’ai la chance d’avoir été formé pour être polyvalent. Je suis d’abord axial, mais Franck Passi m’a expliqué lors des deux précédentes saisons combien il était important de pouvoir occuper plusieurs postes. Les places seront chères, je dois être prêt à saisir la moindre opportunité."
Pour lui, rien n’a jamais été facile. L’histoire commençait pourtant comme un conte de fée quand l’OM l’a repéré à Planète Football, centre de formation dirigé par Dominique Cionci à Lomé. Ainsi, Senah Mango quittait le Togo pour la première fois, en 2007. " Ici, Robert Nazaretian et Éric Thiéry m’ont beaucoup aidé, ils m’ont pris comme leur enfant."
Champion de France des 16 ans un an après son arrivée, il découvre l’univers pro en stage, convoqué par Éric Gerets. Les yeux écarquillés. "Au milieu des pros, j’étais comme un enfant à Disneyland", reconnaît-il. Tout s’enchaîne comme dans un rêve, avec une première convocation chez les Éperviers, alors qu’il n’a pas encore 17 ans. Henri Stambouli, directeur du centre de formation de l’OM, était alors en charge du Togo." Forcément, c’est quelqu’un qui compte pour moi, détaille Mango. Il m’a fait confiance. Pourtant, au pays, il a été critiqué car on disait que j’étais trop jeune… Même quand je n’ai plus pu jouer avec l’OM, il a continué à m’appeler, et j’avais égalisé après mon entrée en jeu contre le Burkina Faso, en amical. Je le remercie pour sa confiance. Le retrouver à l’OM, ça me fait plaisir. Quand je le croise, il me donne des conseils, il me dit de me battre, de travailler. Il croit en moi."Ce fameux but, il l’a inscrit alors que la FFF venait de refuser de lui octroyer sa licence. Un problème juridique qui le prive de compétition pendant un an, jusqu’à sa majorité. " Même si c’est dur de voir les autres jouer, c’est quand même passé vite, avoue-t-il. Le club ne m’a jamais lâché, et c’était ça le plus important pour moi."
Mais le temps perdu ne se rattrape pas. Prêté l’été dernier à Monaco, il y reste six mois, sans jouer. " Laurent Banide me voulait, explique-t-il. Mais je me suis rapidement blessé à la cheville pour trois mois. Entre-temps, le coach est parti, Marco Simone est arrivé et le club a voulu s’appuyer sur ses jeunes, qui avaient gagné la Gambardella. J’ai expliqué la situation à l’OM, qui m’a fait revenir. Cette expérience m’a cependant été utile. J’ai pu quitter le cocon dans lequel j’étais à Marseille, apprendre la concurrence, à me battre pour gagner ma place. Là-bas, ça ne rigolait pas."
Le joueur a grandi. L’homme aussi, au prix d’un traumatisant car-jacking en février dernier."C’est arrivé à d’autres, ça arrivera encore. Le passé est le passé. C’est oublié, je continue à vivre normalement, comme avant. À travailler." Ce verbe ne quitte décidément pas sa bouche. "Je ne suis pas un fêtard. Si j’aime Marseille et me balader à la plage, mon endroit préféré reste La Commanderie." Pour y mettre en pratique les conseils de son ami et mentor, Emmanuel Adebayor. " Il me dit :’ Le secret: c’est le travail. Il y aura des hauts et des bas,mais continue à bosser et les portes s’ouvriront’. Je veux que mon petit frère et mes deux petites sœurs soient fiers de moi. Depuis que je suis arrivé ici, mon objectif est de percer en équipe première. J’y arriverai."
:La Provence: