Anigo : «J'ai bien fait»Même s'il ne réalise pas encore totalement,
José Anigo savoure le titre de champion de France remporté mercredi. Le directeur sportif de l'OM ne regrette à aucun moment de ne pas avoir quitté le club en même temps que Pape Diouf, l'été dernier.
José Anigo, 48 heures après, réalisez-vous que l'OM est champion de France ?Non, pas encore. Quand tout se sera mis en place dans ma tête, j'aurai un autre regard, j'apprécierai davantage. L'an dernier, on était passé très proche. Là, c'est dans le 1000. J'attends que le trophée soit là, la communion avec les supporters. Ce sera sympa.
Qu'est-ce qui a fait le petit plus cette saison ?Quand vous travaillez dans un club qui, pendant 5 ans, s'est construit pierre après pierre, vous savez qu'à un moment, ça va venir. Pour moi, c'est un titre à partager. Cette équipe-là ne part pas de zéro. Même si les recrues nous ont permis d'être champions, d'autres étaient là avant. Eux aussi ont mis leur pierre à l'édifice.
Vous vous rendez compte que ces moments, vous avez failli ne pas les vivre ?J'ai l'habitude. Chaque année, on me pose la même question : «Serez-vous là la saison prochaine ?»
Sauf qu'en début de saison dernière, c'est vous qui aviez mis votre place dans la balance au moment du départ de Pape Diouf...C'est vrai, vous avez raison et je n'ai aucun regret d'être resté. Ça m'a permis de vivre des moments extraordinaires. J'ai bien fait.
Depuis le sacre, avez-vous eu Pape Diouf au téléphone ?Non, je ne l'ai pas eu. Avec Pape, on ne s'est pas parlé depuis pas mal de temps. Il a pas mal de choses à faire. Peut-être aussi qu'au fond de son coeur, il n'a pas apprécié que je sois resté. Je comprends...
«On a remis les pendules à l'heure»A peine le titre en poche, vous vous êtes projeté sur la saison prochaine. Pourquoi si tôt ?On était obligé de le faire. Si on ne l'avait pas fait, c'est vous qui nous y auriez amené. Et puis, même si on savoure, durer, c'est le plus dur. Le meilleur exemple, c'est Bordeaux. L'an dernier, tout le monde il était beau, tout le monde il était fort. Cette saison, ils connaissent des difficultés ne serait-ce que pour se qualifier pour l'Europe. Pourtant, l'entraîneur est le même, les joueurs sont les mêmes... Ça prouve combien ce métier est fragile.
Aujourd'hui, vous pouvez l'avouer. A quel moment avez-vous compris que l'OM serait champion ?Après Auxerre. Je ne vais pas dire que j'en étais certain, mais sauf cataclysme... Avant, non. Avec une contre-performance là-bas, on aurait été en difficulté. Chez nous, il y a une telle pression... En même temps, moi, je suis un éternel anxieux.
Ça va mieux aujourd'hui ?Oui, je suis un anxieux apaisé (Rires) ! Maintenant qu'il y a le titre, j'ai le sentiment du travail bien fait. On ne pourra plus dire cette équipe, ces dirigeants, ce club... Dix-sept ans ont été effacés en deux trophées. Ça a été très très long, mais on a remis les pendules à l'heure. Ça prouve aussi que même si dans les années 90's, il y avait des joueurs d'exception, à côté de ça, il n'y avait rien, aucune réflexion.
Comment ça ?Regardez Lyon et la différence entre les années OM et OL. Eux ils ont bâti. Ligue des champions ou pas, vous les sentez forts parce qu'il y a eu des gens pour combler les manques. Un club, ce n'est pas qu'une équipe, ce sont aussi des structures, un staff médical, 1000 choses... C'est ce qu'à l'OM aujourd'hui et, je vous le dis, ce n'est pas Merlin l'enchanteur qui a rendu ça possible.
La C1, «l'OM peut la gagner» Marseille est-il capable de réaliser ce que Lyon a accompli pendant sept ans ?J'espère et je pense qu'on est armé pour le faire. Maintenant, je vous l'ai dit, il faut rester prudent. Encore une fois, regardez Bordeaux...
Bernard Tapie a affirmé sur RMC que désormais, «l'exigence pour l'OM était de gagner la Ligue des champions». Qu'en pesez-vous ?Je ne m'aventurerai pas sur ce genre de raisonnement. Même si je reste persuadé que l'OM peut la gagner, avant de parler de ça, il faut déjà penser à sortir des poules. Pour l'instant, on n'y est pas arrivé.
Aurez-vous l'effectif et les moyens financiers pour le faire ?Je ne sais pas exactement quels moyens on aura. Le club vient de se mettre à l'équilibre, il ne veut pas se mettre en danger financier... La seule certitude, c'est que ceux qui viendront apporteront une valeur ajoutée. A Didier (Deschamps) de cibler ses besoins et de faire ses choix.
Article lequipe