Bordeaux peut-il stopper le roi Lyon ?

Il est moins quatre

Quatre points d’écart à quatre journées de la fin : Lyon et Bordeaux continuent ce soir de se disputer le titre.

Pour la première et dernière fois du mois d’avril, Lyon et Bordeaux joueront à la même heure, ce soir, au coeur du sprint de la Ligue 1 le plus incertain depuis quatre ans. Les Lyonnais sont aussi favoris devant Caen que les Bordelais face à Nice, mais, en raison de l’enjeu et de la pression, la fin de la saison française sera-t-elle rationnelle ?

Ces dernières années, en Ligue 1, le Lièvre et la Tortue n’était plus la fable à la mode. C’était plutôt celle du lièvre et du lièvre. Lyon partait en trombe, accélérait et finissait à fond. Quand les autres franchissaient la ligne d’arrivée, il avait déjà eu le temps de faire le tour d’honneur, de prendre sa douche et de se recoiffer pour la télé. Avec Bordeaux, toujours en course pour le titre à quatre journées de la fin, la Ligue 1 s’est redécouvert une tortue qui peut encore rêver couper le fil avant le lièvre endormi. Mais l’idée de la tortue est une parabole, sûrement pas une comparaison qui dirait la vitesse des Bordelais : ils restent sur une série de quatre victoires et sont la meilleure équipe des matches retour (34 points en 15 matches, meilleure attaque, deuxième meilleure défense).
Ce matin, à quatre journées de la fin du Championnat, Lyon a encore quatre points d’avance et une meilleure différence de buts (+ 34 contre + 24) qui vaut presque un demi-point. Au coeur du sprint, une bonne et une mauvaise nouvelles poursuivent les sextuples champions de France. La bonne, c’est que Bordeaux ne joue pas bien. La mauvaise, c’est que les Lyonnais ne jouent pas bien.
La semaine dernière, les victoires de Lyon à Strasbourg (2-1) et de Bordeaux à Toulouse (0-1) ont chacune été marquées par la chance du champion. C’est un signe de gagner de la sorte en fin de saison, mais c’est un signe qui ne peut pas les départager. Et il est possible, voire probable, que les leaders et leurs dauphins traverseront la fin de saison avec plus de force mentale que de qualité de jeu. Bordeaux, qui avait enterré ses rêves de C 1, il y a un an, en s’écroulant au cours des trois dernières journées (1 point sur 9 possibles alors qu’il était deuxième après 34 journées), veut d’abord empocher sa qualification directe pour la Ligue des champions, ce soir, face à Nice. Une victoire l’en assurerait mathématiquement ; un nul, virtuellement. Sans Koné ni Laslandes, la menace niçoise ne sera pas la même.

Alonso : « On peut arriver à être champions »

Bordeaux exhibe une force facilement identifiable : le but de Micoud à Toulouse (1-0) était le premier but bordelais dans le jeu depuis le 3 mars, et il est venu après douze buts d’affilée sur coups de pied arrêtés ! Au même moment, Lyon recevra Caen, qui a déjà réussi sa saison. Sans Toulalan ni Fabio Santos, prêté au mercato à Sao Paulo, l’OL est toujours orphelin d’un milieu défensif dissuasif. « Jérémy nous manque dans la récupération, dans sa capacité à aller cherche le ballon dans les pieds de l’adversaire, avoue Alain Perrin. Et Fabio Santos nous manque quand Jérémy n’est pas là. »
En comparaison, il arrive à Lyon de montrer moins de ressources collectives, plus de talent individuel et de ne pas toujours afficher une balance positive. Face à l’évolution de l’équipe et à l’absence de Toulalan, l’OL a surtout perdu son impact. « On n’est pas réguliers dans l’impact, nuance Perrin. On l’a sur les coups de pied arrêtés offensifs, mais, d’une manière générale, c’est vrai, on se fait bouger par des adversaires plus agressifs que nous. »
Dans la foulée, cette semaine, président, entraîneur et joueurs ont fait passer le même message. Lorsque Perrin prétend que « tout le monde cherche à faire tomber les Lyonnais », il ne parle pas seulement au sens figuré : « Je serai inquiet pour l’équipe de France et pour l’Euro si les internationaux sont toujours aussi visés. Les arbitres devraient sentir plus tôt la température d’un match. » Pourquoi, quand on rapporte ce genre de phrases entre les matches, a-t-on autant l’impression d’être manipulés ?
La présence présidentielle a été forte, à Lyon, cette semaine. Dans le vestiaire, Jean-Michel Aulas est même venu proposer un bonus financier pour un challenge englobant les quatre journées restantes. Depuis le but de Micoud, dimanche soir, le club lyonnais sait que le suspens va s’étirer encore.
Depuis dimanche, ou disons depuis deux semaines, la dialectique bordelaise sur l’objectif du titre a beaucoup évolué. La réalité du duel a poussé les ambitieux aux aveux. Alonso assure : « Je pense qu’on peut arriver à être champions. Si on revient à un point des Lyonnais ce week-end, ça deviendra compliqué pour eux. Ils auront la pression et, nous, on jouera libérés. »
Même s’il n’est pas certain que Lyon soit plus faible dans la pression que dans le confort, ce genre de pronostic et ce duel sont une chance. Pour la L 1 mais aussi pour le décor et l’émotion qui entourent semblable conquête. À quatre journées de la fin, chaque but, chaque match va compter. Le combat continue ce soir, à 20 heures.

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