Des arbitres déstabilisés
Cinq rencontres de la dixième journée ont été émaillées d’erreurs d’arbitrage. De quoi tirer la sonnette d’alarme ?Lors de la dixième journée de Championnat, les erreurs d’appréciation des arbitres se sont multipliées, entraînant la colère des joueurs et de certains entraîneurs.
Depuis deux ou trois journées, les principaux acteurs du Championnat se plaignent, avec de plus en plus de virulence, des décisions arbitrales. À tel point qu’hier, le président de la Fédération,
Jean-Pierre Escalettes, s’est fendu d’un communiqué rageur dans lequel il dénonce
« la multiplication des commentaires d’après match et la remise en cause de l’autorité arbitrale dans ce qui peut être assimilé à une campagne de déstabilisation. Cette situation n’a que trop duré. » Escalettes a même menacé de saisir le
Conseil national de l’éthique, lequel fait trembler toute la France comme chacun le sait. Pourtant, la main dans la surface de réparation de
Squillaci non sanctionnée lors de Bordeaux-Lyon (1-3) et le but injustement refusé à
Benzema par l’arbitre
M. Lannoy au cours de la même rencontre ne ressemblent en rien à des mirages. Il y a deux ans, presque jour pour jour, le même Bordeaux-Lyon (1-1) avait lui aussi
« enfanté » plusieurs mains – dont une (évidente)de
Cris – non sifflées par l’arbitre de l’époque,
M. Derrien.
[color:4260=blue:4260]« Cette rencontre a brisé ma carrière »[/i], explique celui qui, aujourd’hui, a dû mettre un terme à ses fonctions après avoir été rétrogradé une saison en Ligue 2.
L’arbitrage français a-t-il vraiment évolué lors de cette même période ? Cette question, que le patron des arbitres
M. Batta juge
« volontairement provocatrice », nous la posons de nouveau.
« Il y a eu dix journées de L 1 et onze de L 2, ce qui représente 210 matches et vous m’appelez seulement aujourd’hui ? poursuit
Marc Batta.
Si vous voulez me faire dire qu’il y a eu des erreurs, je vais vous répondre oui. Mais ne dites pas que nous ne faisons rien. On ne travaille pas dans le désert. Depuis deux ans, nous nous penchons sur des thèmes comme la gestion des surfaces de réparation et l’utilisation des coudes, qui viennent seulement d’être mis en place (le 6 septembre dernier) par l’UEFA. » Pourtant, les mêmes causes continuent de produire les mêmes effets.
« La vidéo ? interroge
Marc Batta,
c’est un vieux serpent de mer. Les plus hautes instances n’en veulent pas. Ce n’est plus d’actualité. Alors pourquoi continuer à en parler ? Michel Platini nous propose deux arbitres supplémentaires. Essayons de mettre ça en place ! »Pour
Tony Chapron, le seul arbitre qui ne peut pas visionner les rencontres qu’il dirige,
« car je ne possède pas la télé », ce soudain vent de révolte n’a rien de surprenant.
« Toutes les saisons, vers la dixième journée, c’est la même chose. Il y a une sorte de fronde. Après, on dit que c’est nous qui avons la pression. En tout cas, moi, elle ne me tétanise pas. Les superviseurs, j’y suis habitué, les notes aussi. Il va bien falloir accepter un jour que les gens puissent faire des erreurs. »| Celles-ci pourraient pourtant être atténuées si les arbitres pouvaient bénéficier, lors de chaque rencontre des mêmes assistants.
« Moi, reprend
M. Chapron, le président du SAFE (Syndicat des arbitres du football d’élite),
je n’aimerais pas être à leur place. On leur demande de faire tellement de choses en même temps. Si on commençait à sanctionner plus sévèrement les tricheurs, on ferait un grand pas vers des matches un peu plus propres. En attendant, la commission de discipline ne nous aide pas. Après, l’arbitre doit se débrouiller tout seul. Cela revient à se tirer une balle dans le pied. »En stage dès ce matin à Roissy pour trois jours, les 21 arbitres pouvant officier en Ligue 1 vont avoir tout le loisir de se pencher, vidéo à l’appui, sur la dernière journée de Championnat. Il y sera sûrement question, entre autres, du très controversé Saint-Étienne - Marseille (1-0).
Thierry Auriac, qui n’a pas encore revu la rencontre, pourra peut-être y faire son mea-culpa.
« Nous devons juger dans la seconde et, nous, nous ne possédons pas 14 ou 17 caméras pour décortiquer une action. L’erreur est humaine, mais je ne suis pas inquiet. » L’homme en noir, apparemment perturbé, a pourtant demandé, après trois rencontres (*) de L 1 particulièrement éprouvantes de souffler dans les jours à venir. La DNA (Direction nationale de l’arbitrage) aurait peut-être pu prendre cette sage décision un peu plus tôt…
(*) Lyon-Lens (3-0), un but refusé pour hors-jeu et un penalty non sifflé ; Valenciennes-Monaco (1-0), huit cartons jaunes et trois rouges et enfin le Saint-Étienne - Marseille (1-0), de ce week-end.
Les matches en questionMONACO - NANCY (1-3), arbitre : M. Ruffray :Sèchement battus chez eux, les Monégasques se voient refuser un premier penalty pour une main de
Berenguer dans la surface (9e), puis un autre pour une faute d’
André Luiz sur
Meriem (49e). Un hors-jeu inexistant de
Piquionne les prive également de l’égalisation (37e).
BORDEAUX - LYON (1-3), arbitre :M. Lannoy :Benzema reprend à bout portant un corner de
Juninho. Son tir heurte la transversale avant de rebondir derrière la ligne, puis de ressortir. L’arbitre n’accorde pas le but (11e). Plus tard, à la réception d’un centre bordelais,
Squillaci effectue une main volontaire dans la surface (74e), non sanctionnée.
LENS - AUXERRE (2-0), arbitre : M. Fautrel :Lens ouvre le score grâce à un penalty accordé pour une faute de
Tamas sur
Monterrubio, qui avoue en avoir rajouté et
« tenté le coup ».
SAINT-ÉTIENNE - MARSEILLE (1-0), arbitre : M. Auriac :Dabo, en retard, fauche
Niang dans la surface (45e). L’arbitre décide de ne pas sanctionner, tout comme il l’avait fait un peu plus tôt pour la sortie, celle-là plus discutable, de
Mandanda dans les pieds de
Payet (33e). Dans le temps additionnel,
Niang subit une nouvelle charge non sifflée, juste avant le but de
Dernis. Avant la mi-temps,
Taiwo laisse aussi traîner ses crampons sur la poitrine de
F. Diawara. Il ne récoltera que le jaune pour une faute qui aurait pu être sanctionnée d’un rouge direct.
SOCHAUX- TOULOUSE(0-1), arbitre : M. Coué :Isabey, à une trentaine de mètres de son but, subit un contre de
Mansaré qui trouve
Émana, en position de hors-jeu près de la surface. Le Toulousain remporte son duel devant
Richert et le TFC s’impose à Sochaux.
Source : L'Equipe Papier